La reconnaissance de l’État de Palestine par le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie : un tournant diplomatique majeur dans l’ordre international
Le 21 septembre 2025 restera sans doute une date marquante dans l’histoire des relations internationales. Ce jour-là, le Royaume-Uni, sous l’impulsion de son Premier ministre Keir Starmer, a officialisé la reconnaissance de l’État de Palestine.
Derrière cette annonce, ce n’est pas seulement un geste symbolique, mais bien un acte à la fois politique et juridique qui vient modifier les équilibres diplomatiques existants. Londres s’inscrit ainsi dans la continuité d’un mouvement initié depuis plusieurs années par de nombreux États européens, et choisit de donner un poids nouveau aux aspirations palestiniennes sur la scène mondiale.

La décision britannique n’est pas arrivée de manière inattendue. Dès la fin du mois de juillet 2025, le gouvernement avait laissé entendre que cette reconnaissance pourrait intervenir, à condition que certaines avancées soient observées du côté israélien, en particulier l’instauration d’un cessez-le-feu durable dans la bande de Gaza. Faute de concessions suffisantes, Londres a finalement choisi d’aller au bout de sa démarche, considérant que l’attente ne faisait qu’affaiblir les perspectives d’une paix négociée.
Le Canada a rapidement emboîté le pas au Royaume-Uni. Son Premier ministre, Mark Carney, a présenté cette décision comme la contribution canadienne à un effort global, visant à redonner souffle à la solution dite des « deux États ». Selon Ottawa, il ne s’agit pas seulement de reconnaître un État de Palestine sur le plan formel, mais d’ouvrir un espace de coopération directe avec ses institutions afin de consolider un avenir politique plus stable et pacifique.

Le message est clair : pour le Canada, seule une coexistence fondée sur la souveraineté réciproque d’Israël et de la Palestine peut constituer une base solide pour l’avenir.
L’Australie, de son côté, a également choisi de s’associer à cette dynamique.
En se joignant au Royaume-Uni et au Canada, Canberra affirme sa volonté de soutenir une coalition grandissante d’États qui considèrent que le moment est venu de reconnaître pleinement la personnalité juridique et politique de la Palestine. Rappelons que cette entité avait été proclamée unilatéralement dès 1988 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais que sa reconnaissance restait jusqu’ici fragmentée et politiquement controversée.
Aujourd’hui, selon les données compilées par l’Agence France-Presse, 142 des 193 États membres de l’Organisation des Nations unies ont déjà franchi le pas de la reconnaissance officielle. En Europe, l’année 2024 avait marqué une avancée significative avec les décisions de pays comme l’Irlande, l’Espagne, la Norvège ou encore la Slovénie. Le ralliement du Royaume-Uni, du Canada et de l’Australie vient donc donner une nouvelle dimension à ce mouvement, car il s’agit de puissances traditionnellement proches des États-Unis et historiquement prudentes sur la question.
Cette triple reconnaissance ne se limite pas à une déclaration de principe : elle crée un effet d’entraînement diplomatique. Les pays encore réticents, notamment certains membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, se retrouvent désormais sous une pression normative plus forte.

La tendance internationale semble aller vers une considération de la reconnaissance de la Palestine non plus comme un geste purement politique ou discrétionnaire, mais comme un élément incontournable dans la recherche d’une paix juste et durable.
D’un point de vue juridique, cette évolution illustre également la transformation progressive du droit international contemporain.
Alors que la reconnaissance d’un État restait autrefois perçue comme un acte facultatif relevant de la souveraineté des États, elle tend aujourd’hui à être envisagée comme une condition essentielle pour garantir le respect des droits fondamentaux des peuples et favoriser la stabilité mondiale. En d’autres termes, reconnaître la Palestine devient moins un choix isolé qu’une responsabilité partagée par la communauté internationale.
En définitive, la reconnaissance simultanée par le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie n’est pas seulement un épisode diplomatique supplémentaire : elle marque une étape charnière dans la construction d’un ordre international plus équilibré.
Elle reflète l’idée que la paix au Proche-Orient ne peut se bâtir que sur la base de deux États souverains vivant côte à côte, et qu’ignorer cette réalité revient à prolonger indéfiniment une instabilité qui affecte bien au-delà de la région. L’avenir dira si ce geste accélérera un véritable processus de négociation, mais il est indéniable qu’il redessine déjà les contours de la légitimité internationale de la Palestine.