l’ancien président Alpha Condé, dans une adresse solennelle à la Nation, a dressé un bilan de son passage au pouvoir
Guinée : entre mémoire d’un passé glorieux et combat pour la restauration de la démocratie.
Le 2 octobre, date fondatrice de l’indépendance guinéenne, reste un rendez-vous de mémoire, de fierté et de résistance. À l’occasion du 67ᵉ anniversaire, l’ancien président Alpha Condé, dans une adresse solennelle à la Nation, a dressé un bilan de son passage au pouvoir et une critique acerbe de la situation actuelle du pays. Son discours se veut à la fois rétrospectif et prospectif : un rappel des acquis de la décennie passée et un appel à la mobilisation pour restaurer la souveraineté populaire.
Le bilan d’une décennie de réformes
Dans son intervention, Alpha Condé a rappelé l’état de délabrement de la Guinée avant son accession au pouvoir en 2010. Corruption endémique, services sociaux inexistants, économie en panne : autant de maux hérités de décennies d’instabilité.
Face à ces défis, il souligne avoir engagé une politique de reconstruction nationale :
Énergie : la mise en service des barrages de Kaléta et Souapiti, ainsi que les projets d’interconnexion régionale, qui ont permis de tripler la capacité énergétique.
Infrastructures : des milliers de kilomètres de routes et de ponts réalisés, désenclavant des régions entières.
Agriculture : distribution d’intrants, modernisation et relance de la production locale, réduisant la dépendance alimentaire.
Santé et éducation : construction et rénovation d’hôpitaux, d’écoles et d’universités, accompagnées d’une revalorisation salariale des enseignants.
Mines : reprise du contrôle stratégique du gisement de Simandou et mise en place d’une plus grande transparence dans la gestion des ressources.
Décentralisation : création de l’ANAFIC, alimentée par 15 % des revenus miniers, permettant la réalisation de centaines d’infrastructures locales.
Diplomatie : retour de la Guinée sur la scène africaine et internationale avec une voix indépendante et respectée.
Une rupture brutale le 5 septembre 2021
Pour l’ancien président, le coup d’État du 5 septembre 2021 a anéanti les avancées réalisées. Condé dénonce une « junte barbare » qui aurait plongé la Guinée dans la peur, la répression et la pauvreté. Arrestations arbitraires, disparitions forcées, confiscation des institutions, corruption généralisée : son discours dresse le portrait d’un pays enlisée dans la désolation.
Un appel à l’unité et à la résistance
Au-delà des critiques, Alpha Condé se pose en porte-voix d’un avenir démocratique. Il appelle les Guinéens à dépasser les clivages ethniques et partisans pour se rassembler autour d’un projet commun : la restauration de la légitimité, la réconciliation nationale et le retour à l’ordre constitutionnel civil.
L’évocation de l’héritage du 2 octobre 1958 est centrale dans son message. De la même manière que les aînés ont dit « non » à la domination coloniale, le peuple doit, selon lui, dire « non » à la confiscation militaire du pouvoir.
Un discours qui relance le débat politique
Cette adresse intervient dans un contexte marqué par la contestation grandissante du régime militaire et par l’isolement diplomatique de la Guinée. Elle apparaît comme une tentative de repositionnement politique d’Alpha Condé, mais aussi comme un signal fort adressé aux Guinéens et à la communauté internationale.
En définitive, ce discours met en lumière une double réalité : celle des acquis revendiqués par un ancien président qui veut défendre son héritage, et celle d’un peuple aujourd’hui confronté à l’incertitude et à la répression. Entre mémoire d’un passé glorieux et volonté d’un futur démocratique, la Guinée se trouve à un tournant décisif de son histoire.