Paul Biya : le dictateur qui s’accroche au pouvoir à l’approche des élections
À quelques jours des prochaines élections présidentielles au Cameroun, une question brûle toutes les lèvres : Paul Biya, 92 ans, compte-t-il enfin passer la main après plus de quatre décennies de règne ? Rien n’indique qu’il soit prêt à le faire. L’homme qui dirige le Cameroun depuis 1982 reste, aux yeux de nombreux observateurs, le symbole vivant de l’autoritarisme en Afrique et l’incarnation du dirigeant qui refuse de céder sa place.
Quarante-deux ans de pouvoir sans partage
Lorsque Paul Biya accède à la présidence en novembre 1982, personne n’imagine que son règne s’étendra sur plus de quatre décennies. Au fil des ans, il a su verrouiller le système politique, modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats et s’assurer que chaque élection présidentielle se termine par une « victoire » annoncée d’avance. Ses opposants parlent de simulacres électoraux, orchestrés sous l’œil d’une administration totalement acquise au régime.

Un pays tenu d’une main de fer
Le Cameroun vit depuis longtemps sous un climat de peur et de répression. Les manifestations pacifiques sont régulièrement dispersées avec violence, les opposants emprisonnés ou réduits au silence, et la presse indépendante muselée. Dans les régions anglophones, la crise a dégénéré en conflit armé, nourri par le refus du pouvoir central d’ouvrir un véritable dialogue politique. Paul Biya, toujours invisible depuis son palais d’Etoudi ou ses séjours prolongés à Genève, règne par la distance et la peur, laissant derrière lui un pays fracturé.
À 91 ans, le président camerounais apparaît rarement en public, mais ses apparitions, soigneusement mises en scène, suffisent à rappeler qu’il est encore là. Le régime, lui, évite soigneusement de parler de succession. Son entourage proche profite de cette longévité pour maintenir un système où clientélisme, corruption et favoritisme sont devenus la règle. Pendant ce temps, la jeunesse camerounaise, majoritaire dans le pays, voit son avenir bloqué par un pouvoir figé dans le passé.
Les élections en ligne de mire
Alors que les élections présidentielles approchent, beaucoup s’interrogent : Paul Biya tentera-t-il une nouvelle fois de briguer un mandat ? Officiellement, rien n’a encore été annoncé. Mais l’histoire récente du Cameroun laisse peu de place au doute : l’appareil d’État semble déjà préparé à reconduire le chef de l’État, quelles que soient les aspirations populaires. Pour l’opposition et la société civile, c’est une bataille inégale qui s’annonce, face à un régime qui n’a jamais toléré la véritable alternance.
Un dictateur malgré lui ?
Paul Biya est aujourd’hui considéré par nombre d’analystes comme le doyen des dictateurs africains encore en fonction. Son règne, plus long que celui de nombreux monarques, illustre la difficulté qu’ont certains dirigeants africains à quitter le pouvoir de leur plein gré. L’homme qui se voulait jadis garant de la stabilité s’est transformé en symbole de confiscation démocratique. Et, à mesure que s’approche le prochain scrutin, la crainte grandit : celle de voir le Cameroun replonger dans le même scénario immuable, celui d’un dictateur qui refuse de lâcher prise.