Alassane Ouattara veut confisquer le pouvoir en Côte d’Ivoire
L’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 a ravivé le débat sur l’alternance et la vitalité démocratique en Côte d’Ivoire. Après trois mandats successifs, dont deux après la réforme constitutionnelle de 2016, le chef de l’État ivoirien semble déterminé à prolonger son règne. Pour ses partisans, il s’agit d’un choix de stabilité ; pour ses détracteurs, cette décision illustre une volonté manifeste de confisquer le pouvoir.
Un président sortant en quête de continuité
Ouattara met en avant la réussite économique de la dernière décennie : croissance soutenue, grands travaux d’infrastructures et attractivité internationale accrue. Ses alliés insistent sur l’importance de maintenir le cap dans un contexte régional marqué par l’instabilité sécuritaire et les incertitudes économiques.
Cette argumentation repose sur l’idée que son leadership reste indispensable pour préserver la trajectoire ivoirienne. Pourtant, au plan politique, le message est perçu comme un refus assumé de laisser émerger une nouvelle génération d’acteurs.
La fragilisation de l’opposition et des institutions
L’un des aspects les plus controversés de cette candidature réside dans l’exclusion de plusieurs figures majeures de l’opposition. Le rôle du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante (CEI) est régulièrement remis en cause, accusés de servir les intérêts du pouvoir.
Ce verrouillage institutionnel alimente un sentiment d’injustice et réduit la confiance dans la capacité de l’État à organiser un scrutin véritablement compétitif. La démocratie ivoirienne se retrouve ainsi prise dans une tension entre légalité constitutionnelle et légitimité politique.
Les enjeux occultés par la bataille politique
En se focalisant sur la question de la candidature présidentielle, le débat public tend à marginaliser les véritables défis du pays :
- Économie et inclusion sociale : malgré des indicateurs macroéconomiques positifs, le chômage des jeunes et les inégalités demeurent criants.
- Souveraineté monétaire : la question du franc CFA et des réformes régionales interroge la capacité du pays à renforcer son indépendance économique.
- Sécurité nationale : la menace terroriste et les tensions transfrontalières exigent des réponses collectives et durables.
Ces dossiers devraient constituer le cœur de la campagne, mais ils passent au second plan dans un climat de suspicion institutionnelle.
Le risque d’une crise politique récurrente
Les précédentes élections ivoiriennes ont souvent été sources de tensions et parfois de violences. Si une large frange de la population estime que la compétition est biaisée, le scénario d’une crise post-électorale ne peut être écarté.
Dans ce contexte, la crédibilité du processus dépendra de la transparence des procédures électorales et de l’acceptation des résultats par toutes les parties prenantes.
Une démocratie sous tension
La candidature d’Alassane Ouattara cristallise les contradictions de la démocratie ivoirienne. Légale sur le plan constitutionnel, elle reste contestée sur le plan politique et symbolique. Elle pose une question fondamentale : la Côte d’Ivoire est-elle prête à consolider une culture d’alternance ou choisira-t-elle la continuité au prix d’un rétrécissement de l’espace démocratique ?
Plus qu’un simple scrutin, le rendez-vous du 25 octobre 2025 apparaît comme un test de maturité : la capacité des institutions à garantir l’équité et la responsabilité des acteurs politiques à éviter la confrontation détermineront l’avenir démocratique du pays.
