Guinée : le 28 décembre 2025, à la croisée des chemins
Le 28 décembre 2025. C’est désormais la date gravée dans l’agenda politique guinéen pour la tenue de l’élection présidentielle la première depuis le coup d’État de 2021.
Et pourtant, cette simple date immuable, officielle résonne comme un défi lancé à l’histoire du pays.
Pourquoi ce 28 décembre ?
Cette échéance n’est pas née du hasard. Le général Mamady Doumbouya, en tête de la junte au pouvoir, a vu son régime confronté à la pression internationale et aux critiques internes pour n’avoir pas tenu les promesses de transition.
La date a été actée par décret, après l’adoption d’une nouvelle constitution validée par un référendum le 21 septembre 2025 qui rend la junte éligible à la présidence.
Mais derrière le décor légal, les parties prenantes danseront à l’ombre des ambitions, des doutes et des peurs.
Un test du temps et des volontés
Du point de vue du citoyen lambda, cette date est un horizon : un moment vers lequel on se tourne, avec espoir ou avec cynisme. Rien n’est assuré d’avance.
Pour les autorités, c’est une opportunité : légitimer la transition, montrer qu’on respecte les engagements. Pour l’opposition, c’est une contrainte imposée dans une configuration politique qu’elle juge inéquitable. Pour la société civile, c’est un défi : veiller à ce que cette élection ne soit pas une parodie, mais une réelle occasion de renaissance démocratique.
Ce que le 28 décembre pourrait signifier et ce qu’il doit éviter
Légitimation du pouvoir
Une élection qui se déroule (ou paraît se dérouler) dans les règles pourrait donner au régime une façade de légitimité, même si les conditions ne sont pas idéales.
Risque d’illusion démocratique
Si les opposants sont affaiblis, réduits au silence ou empêchés d’agir, cette date pourrait servir à figer un statu quo sous le vernis du processus électoral.
Moment de vérité pour les acteurs
Ce jour-là, les médias, les observateurs, les électeurs devront juger : alliances trompeuses, transparence du vote, indépendance des institutions, sécurité…
Enjeu de stabilité ou de chaos
Un scrutin crédible pourrait apaiser les tensions, relancer un cycle de légitimité. Une expérience contestée risquerait de raviver les fractures, les accusations, les violences.
Mon regard : entre espoir prudent et exigence ferme
J’écris ces lignes avec le sentiment que le 28 décembre ne sera pas seulement une date sur un calendrier, mais un moment charnière pour la Guinée. Pour qu’elle ait du sens, il faudra :
Que toutes les forces politiques soient véritablement parties prenantes, sans exclusions arbitraires.
Que Mamady Doumbouya respecte sa promesse de départ.
Que le fichier électoral soit irréprochable.
Que l’accès à l’information soit libre et équitable.
Que la communauté internationale joue un rôle de vigie, pas de spectateur complaisant.
Si l’État de droit ne s’impose pas dans les actes dans les urnes, dans les procès, dans la reconnaissance du vainqueur alors le 28 décembre risque d’être un leurre.
Mais si le peuple, les partis, les institutions osent faire de cette date un moment de vérité alors ce pourrait être le début d’un nouveau chapitre pour la Guinée.