Lettres de créance : la Guinée accueille seize ambassadeurs plénipotentiaires
Le 10 octobre 2025, le Palais Mohamed V de Conakry a abrité une cérémonie diplomatique de haute importance : la présentation des lettres de créance de seize ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires accrédités auprès de la République de Guinée.
Sous la présidence du général Mamadi Doumbouya, cette rencontre protocolaire a marqué un moment fort du calendrier diplomatique guinéen, témoignant du dynamisme des relations entre Conakry et plusieurs capitales du monde.
Une cérémonie chargée de symboles
Dans le rituel diplomatique, la remise des lettres de créance n’est jamais un simple geste administratif. Elle consacre officiellement le statut de l’ambassadeur et symbolise la reconnaissance mutuelle entre États.
À travers cette cérémonie, la Guinée réaffirme sa volonté de maintenir un dialogue ouvert avec ses partenaires, malgré les incertitudes liées à la transition politique.
L’ambiance, sobre et solennelle, a vu défiler des diplomates venus des quatre coins du globe, accueillis avec les honneurs républicains habituels et échanges cordiaux avec le président de la Transition.
Seize Ambassadeurs plénipotentiaires accrédités à Conakry
Les ambassadeurs représentant les pays et institutions suivants ont présenté leurs lettres de créance :
Angola, Italie, Algérie, Burundi, Kenya, Inde, Indonésie, Union européenne, Belgique, Chine, Sierra Leone, Royaume-Uni, Liberia, Cuba, Suisse, Gambie.
Angola | ![]() |
Italie | ![]() |
Algerie | ![]() |
Burundi | ![]() |
Kenya | ![]() |
Inde | ![]() |
Indonésie | ![]() |
Union européenne | ![]() |
Belgique | ![]() |
Chine | ![]() |
Sierra Leonne | ![]() |
Royaume-Uni | ![]() |
Liberia | ![]() |
Cuba | ![]() |
Suisse | ![]() |
Gambie | ![]() |
Chacun d’eux a désormais pour mission de renforcer la coopération bilatérale dans des domaines aussi variés que le commerce, les infrastructures, la santé, la culture ou la sécurité régionale.
Coopération et enjeux diplomatiques
L’arrivée simultanée de seize ambassadeurs traduit une volonté de diversification des partenariats de la Guinée.
Les relations avec la Chine et l’Inde ouvrent la voie à de nouveaux projets d’infrastructures et d’énergie.
L’Union européenne, la Suisse et la Belgique continuent de soutenir la gouvernance, l’éducation et la formation professionnelle.
Les pays africains: Angola, Kenya, Sierra Leone, Liberia et Gambie s’inscrivent, quant à eux, dans une logique de coopération régionale et de sécurité transfrontalière.
Cette mosaïque diplomatique reflète l’image d’une Guinée ouverte sur le monde, mais aussi consciente des équilibres géopolitiques qu’elle doit gérer dans un contexte de transition militaire.
Diplomatie et pouvoir : la face politique du protocole
Il serait naïf de réduire cette cérémonie à un simple exercice protocolaire.
Derrière les sourires et les échanges de formules, se cache une réalité politique plus complexe : celle d’un pays dirigé depuis 2021 par un régime militaire en quête de légitimité internationale.
Pour les ambassadeurs, accepter d’être accrédités en Guinée revient à reconnaître de facto le gouvernement de transition, malgré les réserves émises par certaines organisations internationales sur la durée et la conduite de cette transition.
Pour la junte, ces remises de lettres de créance sont une manière subtile de consolider sa légitimité diplomatique : elles montrent que Conakry reste fréquentable et que les grandes puissances, quelles que soient leurs positions officielles, préfèrent maintenir le dialogue plutôt que l’isolement.
Un équilibre fragile
Si cette dynamique d’ouverture est à saluer, elle s’accompagne d’un certain paradoxe :
d’un côté, la Guinée cherche à s’imposer comme un acteur stable et crédible sur la scène africaine ; de l’autre, elle évolue sous un régime militaire qui suscite encore la méfiance de plusieurs chancelleries.
Les partenaires étrangers se trouvent donc dans une position délicate : coopérer sans cautionner, dialoguer sans légitimer, accompagner sans s’ingérer.
Cette diplomatie d’équilibriste témoigne de la complexité du moment politique guinéen.
Un regard personnel sur cette coopération
En observant cette cérémonie, je n’y vois pas seulement la mise en scène d’un protocole, mais aussi un message adressé au monde :
la Guinée ne veut pas être mise à l’écart. Cependant, au-delà des accolades diplomatiques, il faudra juger cette ouverture à l’aune des actes : la transparence, la stabilité politique, la tenue d’élections crédibles et le respect des engagements pris devant la communauté internationale.
Les lettres de créance symbolisent l’amitié entre nations ; mais elles ne valent que si la confiance s’entretient dans la durée, par des politiques cohérentes et des institutions solides.