Issa Tchiroma Bakary revendique la victoire : quand la politique camerounaise retient son souffle
L’élection présidentielle d’octobre 2025 restera sans doute dans les mémoires. Dans un pays en quête de renouveau, les urnes ont parlé, mais leur message semble encore difficile à entendre.
Alors que le Cameroun attend toujours la proclamation officielle des résultats, Issa Tchiroma Bakary, candidat de la coalition Union pour le Changement 2025, affirme avoir remporté la victoire.
Cette déclaration, faite à chaud, a immédiatement fait réagir. Pour ses partisans, c’est la confirmation d’un vote de rupture. Pour ses détracteurs, une manœuvre politique trop hâtive.
Une chose est sûre : depuis cette annonce, le climat politique s’est tendu d’un cran.
Le retour d’un vétéran politique
Issa Tchiroma Bakary n’est pas un inconnu dans la sphère politique camerounaise. Ancien ministre, porte-parole du gouvernement à plusieurs reprises, il connaît le système de l’intérieur.
Ces dernières années, il a pris ses distances avec le pouvoir, se positionnant comme une voix différente, plus critique, mais toujours dans le registre du dialogue et du changement pacifique.
Pendant la campagne, il a multiplié les déplacements à travers le pays, prônant la justice sociale, l’emploi des jeunes et la transparence dans la gestion publique.
Son discours a séduit une partie de la population lassée du statu quo.
Pour beaucoup, Tchiroma incarnait cette idée simple : changer sans casser.
Une victoire revendiquée, un pays suspendu
Dans les heures qui ont suivi le scrutin, son équipe de campagne a affirmé détenir des procès-verbaux provenant de plusieurs régions du pays, tous favorables à leur candidat.
Selon leurs chiffres, Issa Tchiroma serait en tête avec des scores impressionnants.
Mais plutôt que d’appeler à la confrontation, il a choisi un ton mesuré. “Nous avons gagné, mais nous devons rester calmes et respectueux du processus légal”, aurait-il déclaré.
Une manière d’envoyer un message d’assurance à ses partisans tout en évitant d’alimenter la tension. Ce positionnement lui vaut le respect de certains observateurs qui saluent une attitude responsable, rare dans un contexte aussi explosif.
Le pouvoir joue la carte de la prudence
Face à cette revendication, le camp du pouvoir reste silencieux. Les autorités électorales rappellent que seul le Conseil constitutionnel est habilité à annoncer les résultats officiels.
En attendant, la population suit la situation avec une attention mêlée d’impatience et de méfiance.
Sur le terrain, les informations sont parfois contradictoires. Des retards dans la transmission des procès-verbaux, des rumeurs de bourrage d’urnes ou de manipulation des chiffres circulent, sans confirmation.
Dans les quartiers, les discussions politiques reprennent vie : chacun y va de son analyse, preuve que malgré les frustrations, le peuple camerounais reste passionné par son avenir politique.
Un moment clé pour la démocratie camerounaise
Au-delà de la bataille des chiffres, cette situation révèle un enjeu plus profond : la confiance dans les institutions.
Les Camerounais veulent croire que leur vote compte réellement.
Et si la transparence du scrutin est confirmée, cette élection pourrait marquer une étape importante vers un changement pacifique du pouvoir.
Qu’il soit proclamé vainqueur ou non, Issa Tchiroma Bakary aura réussi quelque chose de rare : rallumer la flamme du débat démocratique. Il a osé parler là où beaucoup se taisaient, et cela, dans un contexte politique souvent verrouillé.
Le Cameroun est à un carrefour. Soit le pays choisit la voie de la transparence et de la responsabilité politique, soit il retombe dans le cycle du doute et de la méfiance.
Les institutions, les partis et la société civile ont ici un rôle crucial à jouer.
Ce que montre l’attitude d’Issa Tchiroma Bakary, c’est qu’il est encore possible d’espérer une alternance sans violence. Une transition portée par les urnes, non par la rue.
Et c’est peut-être là la vraie victoire, bien au-delà des chiffres : redonner au peuple le sentiment que la démocratie a encore un sens.
La revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary n’est pas seulement un fait électoral. C’est un moment symbolique qui interroge la vérité politique, à la légitimité et à l’avenir du Cameroun.
Si elle s’avère fondée, elle pourrait marquer un tournant historique. Si elle ne l’est pas, elle restera comme le signe d’un peuple qui veut tourner la page, ou du moins, réécrire le prochain chapitre de son histoire.