Antananarivo : la jeunesse malgache descend dans la rue malgré la répression
Depuis samedi matin, le centre de la capitale malgache est le théâtre de nouvelles mobilisations initiées par la GEN Z, un collectif de jeunes contestataires. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans une atmosphère tendue, sous la surveillance rapprochée des forces de l’ordre.
À la mi-journée, la police et la gendarmerie ont tenté de disperser les manifestants, notamment du côté de l’Université d’Ankatso, à l’est de la ville. Des tirs de gaz lacrymogène et des détonations retentissaient régulièrement, déclenchant des mouvements de panique dans la foule.
Parmi les protestataires, beaucoup sont des adolescents. Mahël, 17 ans, expliquait être venu réclamer l’accès à l’eau et à l’électricité, deux besoins essentiels encore trop souvent non satisfaits. Avec ses amis, il levait les mains face aux forces de sécurité, un geste qu’il décrit comme « un symbole de paix ». Sur leurs pancartes, les slogans reflétaient leurs revendications : « Nous voulons de l’eau, pas du sang », pouvait-on lire sur celle d’une lycéenne.

Au-delà des coupures d’électricité et du manque d’eau potable, les jeunes mettent aussi en avant la corruption, l’insécurité et les carences du système éducatif. Mais beaucoup disent avoir perdu confiance dans les autorités, qu’ils jugent incapables d’apporter de vraies solutions.
En parallèle, certains influenceurs sur Instagram, suivis par des milliers de Malgaches, appelaient plutôt à rester à la maison, craignant que la répression ne tourne à la violence.
Une vague de violences la veille
La veille, vendredi, la contestation avait déjà pris une tournure plus grave dans plusieurs grandes villes comme Tamatave, Diego-Suarez et Majunga. Des affrontements ont éclaté, accompagnés de pillages et de destructions de commerces ou de bâtiments publics. Plusieurs habitants ont reproché à la police d’avoir été absente ou en nombre insuffisant pour les protéger. Pour répondre à ces inquiétudes, un numéro vert (935) a été mis en place afin de signaler les actes de vol.
Samedi matin, six des sept principales agglomérations du pays se sont réveillées sous couvre-feu après une nuit calme mais sous haute surveillance. À Antananarivo, l’ordre a globalement été respecté. La capitale, habituellement animée et bruyante, offrait vendredi soir un visage inhabituel : rues désertes, silence pesant et centre-ville totalement figé.
