Moussa Moïse Sylla joue avec le feu : la tentation dangereuse du retour aux vieux démons politiques
Une déclaration de Moussa Moïse Sylla fait grand bruit dans l’espace politique guinéen. Le Ministre du Tourisme et de l’hôtellerie du gouvernement de la transition, avec une assurance déconcertante, a affirmé que Mamady Doumbouya devrait se présenter à l’élection présidentielle.
Une phrase, prononcée peut-être avec légèreté, mais dont la portée politique et symbolique dépasse de loin la simple opinion personnelle. Car derrière ces mots se cache le spectre d’un passé que la Guinée peine à exorciser.
Une mémoire collective encore meurtrie
Notre pays a connu bien trop de transitions confisquées, de promesses trahies et de pouvoirs militaires transformés en régimes civils autoritaires.
Chaque fois, le scénario se répète : des hommes en treillis arrivent au pouvoir avec l’espoir de redresser la nation, jurent de ne pas s’accrocher au fauteuil présidentiel, puis finissent par céder à la tentation.
Faut-il rappeler ce que ces choix ont coûté à la Guinée ? Des décennies de méfiance politique, des institutions affaiblies, et un peuple lassé de voir son avenir compromis au nom de la “stabilité”.
Un discours aux relents de déjà-vu
En déclarant que la candidature de Mamady Doumbouya est exigé ou c’est une exigence, cela veut dire qu’il “doit” se présenter, Moussa Moïse Sylla ouvre une brèche dangereuse dans le discours de la transition.
Le mot “exigence” n’est pas anodin. Il sonne comme une injonction, une tentative d’installer dans les esprits l’idée que le salut national passe nécessairement par un homme providentiel.
C’est précisément ce genre de rhétorique qui a, par le passé, justifié les dérives autoritaires et étouffé la démocratie naissante.
Une Guinée au bord du gouffre
Aujourd’hui, notre pays se trouve à un tournant décisif. L’espoir d’un renouveau démocratique est encore fragile. Les tensions sociales et économiques sont réelles, la confiance entre gouvernants et gouvernés reste précaire.
Dans un tel contexte, inciter un chef de transition à se présenter aux élections, c’est jouer avec les nerfs d’un peuple qui n’en peut plus des promesses trahies.
C’est risquer de répéter les erreurs du passé, de replonger la Guinée dans un cycle infernal d’instabilité et de divisions.
Le courage du renoncement
L’histoire retiendra toujours ceux qui ont su partir quand il le fallait.
Le véritable courage politique, dans une transition, ne réside pas dans la conquête du pouvoir, mais dans la capacité à le céder pour bâtir des institutions solides. Nelson Mandela en est une illustration parfaite pour se rafraîchir la mémoire.
Si Moussa Moïse Sylla croit sincèrement au futur de la Guinée, il devrait encourager Mamady Doumbouya à respecter sa parole, à organiser des élections libres et transparentes, et à passer le relais pas à s’y accrocher.
La Guinée mérite mieux que des discours qui flattent les ambitions personnelles.
Elle mérite une vision, une rupture réelle avec les réflexes du passé.
Les propos de Moussa Moïse Sylla ne doivent pas être pris à la légère : ils rappellent à quel point notre démocratie reste vulnérable aux chants des sirènes du pouvoir.
À nous, citoyens libres et conscients, de rester vigilants. À nos leaders, de prouver que la parole donnée a encore un sens. Mamady Doumbouya ne doit pas se présenter à cette élection, lui-même a dit et répété à plusieurs occasions.
« En tant que Soldat, nous tenons à la parole donnée » dixit Mamady Doummbouya
« Ni moi, ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit » dixit Mamady Doumbouya
