Bouygues quitte la Guinée : un départ qui révèle l’échec de notre gouvernance minière
Bouygues quitte la Guinée : un départ qui révèle l’échec de notre gouvernance minière.
Le retrait du groupe français Bouygues, via sa filiale DTP Mining, du projet de bauxite de Tinguilinta dans la région de Boké, est un événement passé presque inaperçu.
Pourtant, il symbolise une réalité plus profonde : la Guinée continue de confier ses richesses à des multinationales sans transparence, sans contrôle et sans stratégie claire pour son développement.
Une collaboration déséquilibrée dès le départ
En 2017, Guinea Alumina Corporation (GAC) signait un contrat d’exploitation avec Bouygues Travaux Publics. À l’époque, ce projet était présenté comme un modèle de partenariat gagnant-gagnant.
On nous parlait d’emplois, d’infrastructures, et d’un transfert de technologie.
Mais la réalité a vite rattrapé les promesses. Derrière les grands discours, peu de retombées locales concrètes : les communautés environnantes ont vu leurs terres exploitées sans réelle compensation, et la gestion du projet est restée opaque du début à la fin.
Un retrait dans le silence et l’indifférence
En 2025, DTP Mining a discrètement mis fin à ses activités en Guinée. Aucune explication claire n’a été donnée : ni de la part de Bouygues, ni de la part de GAC, ni du gouvernement.
Ce mutisme est inacceptable. Quand un groupe étranger se retire d’un projet d’une telle envergure, il est du devoir de l’État d’en informer les citoyens.
Combien d’argent a été investi ? Quelles recettes ont été perçues par le Trésor public ? Quelles indemnités ou dettes ont été laissées ? Le peuple guinéen mérite des réponses.

Les causes profondes du départ
Selon plusieurs sources, le différend entre GAC et l’État guinéen aurait entraîné la perte du titre minier, laissant Bouygues dans une impasse contractuelle et financière.
Certains évoquent des dettes impayées de plusieurs millions de dollars. D’autres parlent de restructuration politique du secteur minier.
Quoi qu’il en soit, cette situation reflète une même constante : l’absence de gouvernance claire et de transparence dans la gestion de nos mines.
Reprendre réellement le contrôle de nos ressources
Aujourd’hui, une société 100 % guinéenne aurait pris le relais à Tinguilinta. C’est une initiative à saluer, mais elle ne résout rien tant que les mêmes pratiques perdurent.
Remplacer un acteur étranger par un acteur local sans réforme de fond, c’est simplement changer les visages, pas les méthodes.
La souveraineté minière ne consiste pas à nationaliser pour mieux dilapider, mais à gérer de manière rigoureuse, responsable et équitable.
Chaque tonne de bauxite exportée devrait se traduire par des écoles, des hôpitaux et des routes. Pas par des comptes opaques et des rapports jamais publiés.
Un signal d’alarme pour la Guinée
Le départ de Bouygues n’est pas un accident. C’est un signal d’alarme. Il révèle les failles profondes d’un système où les contrats se signent dans l’ombre et où les partenaires partent dans le silence.
Nos richesses doivent cesser d’être une source d’opacité et devenir enfin un levier de développement pour les Guinéens.
Il est temps d’instaurer une véritable transparence minière, de publier les contrats, et d’exiger des comptes à chaque entreprise exploitant nos ressources.

