Mamady Doumbouya face à la tentation du pouvoir : entre promesse et pression populaire
Depuis sa prise de pouvoir, Mamady Doumbouya s’était voulu clair : ni lui, ni aucun membre de la transition ne sera candidat à une quelconque élection.
Cette déclaration, faite à plusieurs reprises et avec insistance, avait rassuré une partie de la population guinéenne et la communauté internationale.
Elle symbolisait alors une volonté de rompre avec les pratiques du passé, où les dirigeants de transitions finissaient presque toujours par s’accrocher au pouvoir.
Pourtant, à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour le 28 décembre prochain, un vent de confusion souffle sur Conakry.
Dans les rues, sur les plateaux de télévision, dans les réseaux sociaux, une campagne subtile mais persistante prend forme : celle qui pousse Mamady Doumbouya à « répondre à l’appel du peuple ».
Certains partisans, parfois orchestrés par des cercles proches du pouvoir, plaident qu’il serait « l’homme de la stabilité » et qu’il doit « achever l’œuvre qu’il a commencée ».
Cette rhétorique populiste, qui consiste à présenter la candidature du chef de la transition comme une exigence nationale, ressemble fort à un piège politique. Car si Mamady Doumbouya venait à céder à cette pression, il trahirait non seulement sa parole donnée, mais aussi la confiance de ceux qui ont cru à la sincérité de son engagement pour une transition apaisée et exemplaire.
L’histoire récente de l’Afrique regorge d’exemples similaires, où des promesses de neutralité se sont transformées en ambitions personnelles. Les conséquences sont souvent les mêmes : perte de crédibilité, tensions politiques, divisions sociales et retour à l’instabilité.
La Guinée n’a pas besoin de revivre ce scénario. Le pays a soif d’institutions solides, pas d’hommes providentiels.
Mamady Doumbouya a aujourd’hui une occasion rare : celle d’entrer dans l’histoire non pas comme un chef d’État de plus, mais comme le dirigeant qui aura tenu parole jusqu’au bout. Refuser la tentation du pouvoir serait un acte de courage politique et moral.
Ce serait aussi un signal fort adressé à toute une génération de dirigeants africains : la grandeur d’un homme ne se mesure pas à la durée de son règne, mais à la fidélité à ses engagements.
Il est encore temps de dissiper le flou, de clarifier les intentions et de rappeler à tous que la parole donnée a une valeur. La Guinée mérite une transition honnête, transparente et respectueuse de ses propres principes.

