Guinée : des promotions dans les forces de sécurité sur fond d’insécurité persistante
Le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile a récemment organisé la remise officielle des insignes aux Officiers Supérieurs promus, à la suite d’un décret du Président, le Général Mamadi Doumbouya.
La cérémonie, présidée par le Général Bachir Diallo, visait à récompenser l’engagement et le mérite de plusieurs hauts cadres de la Police nationale et de la Protection Civile.
Cependant, derrière les discours protocole et les accolades, de nombreuses questions persistent : ces promotions suffisent-elles à améliorer la sécurité au quotidien dans un pays confronté à une insécurité croissante ?
Une reconnaissance symbolique dans un contexte préoccupant
Si les autorités mettent en avant la discipline et le professionnalisme des promus, le pays continue de faire face à des actes de criminalité urbaine, des vols violents et du banditisme routier.
Dans plusieurs quartiers de Conakry et certaines préfectures, les citoyens dénoncent un sentiment d’abandon et une présence policière jugée insuffisante.
Cette situation souligne le décalage entre les gestes symboliques des promotions et les attentes concrètes des populations. La reconnaissance par le grade, aussi prestigieuse soit-elle, ne garantit pas automatiquement une réponse efficace aux défis sécuritaires.
La confiance entre citoyens et forces de l’ordre ne se rétablit pas par les galons, mais par la transparence, la proximité et l’efficacité sur le terrain.
Une première historique pour la Protection Civile
Parmi les faits marquants, la promotion de Mohamed Camara, Directeur général de la Protection Civile, au grade de Général de Brigade, constitue une première historique pour l’institution.
Cette distinction met en lumière le rôle essentiel de la Protection Civile dans la gestion des urgences et catastrophes, un corps souvent resté dans l’ombre malgré ses missions cruciales.
Cependant, cette avancée doit s’accompagner d’un renforcement réel des moyens logistiques et humains. Sans équipements modernes et personnel suffisant, les unités de la Protection Civile peinent encore à répondre efficacement aux incendies, inondations ou accidents de la route.

Réformer plutôt que décorer
Au-delà de la remise d’insignes, le système sécuritaire guinéen mérite une réforme profonde. Les problèmes de formation, de coordination et de ressources restent criants.
Tant que les recrutements ne privilégieront pas la compétence et le professionnalisme, et que les conditions de travail ne s’amélioreront pas, les cérémonies de promotion risquent de rester purement symboliques.
La hiérarchie sécuritaire est attendue sur des résultats tangibles : baisse de la criminalité, présence policière visible, discipline dans les rangs et respect des droits des citoyens. Ce sont ces critères, plus que les titres, qui redonneront confiance au public.
Promouvoir est un geste politique. Protéger, c’est une obligation républicaine.
La Guinée a besoin d’une sécurité moderne, responsable et proche des citoyens. Les récentes promotions dans la Police et la Protection Civile peuvent constituer un point de départ, mais elles doivent s’inscrire dans une stratégie claire et mesurable.
Sans mesures concrètes et réformes structurelles, elles risquent de rester un simple symbole protocolaire dans un pays où la peur du crime ne faiblit pas.

