Friedrich Merz en Turquie : entre diplomatie pragmatique et enjeux stratégiques
Le chancelier allemand Friedrich Merz a effectué cette semaine une visite officielle de deux jours en Turquie, marquant une étape importante dans la redéfinition de la politique étrangère allemande.
Ankara et Berlin, partenaires économiques et militaires de longue date, ont affiché la volonté d’ouvrir une « nouvelle ère de coopération » dans un contexte international particulièrement tendu.
Une visite à forte portée symbolique
Arrivé à Ankara mercredi matin, Friedrich Merz a été accueilli par le président turc Recep Tayyip Erdoğan au palais présidentiel de Beştepe.
Les deux dirigeants ont insisté sur la nécessité de « renforcer la confiance mutuelle » et de consolider le partenariat entre l’Allemagne, la Turquie et l’Union européenne.
Au-delà du protocole, cette rencontre traduit un changement de ton de Berlin, plus pragmatique et tourné vers les alliances stratégiques, y compris avec des régimes dont les positions sur les droits de l’homme suscitent parfois la controverse.

Migration, défense et commerce au cœur des discussions
Les échanges ont principalement porté sur trois dossiers sensibles : la gestion des flux migratoires, la coopération militaire et les relations économiques.
Friedrich Merz a souligné le rôle « indispensable » de la Turquie dans la maîtrise des routes migratoires vers l’Europe, tout en appelant à un « partage équitable des responsabilités » entre les États membres de l’UE.
Sur le plan sécuritaire, les deux pays envisagent de renforcer leurs partenariats industriels dans la défense, notamment dans les domaines de la cybersécurité et des technologies navales.
Erdoğan, de son côté, a salué « l’ouverture allemande » à des projets conjoints, tout en rappelant la « nécessité d’une approche respectueuse de la souveraineté turque ».
Les questions économiques n’ont pas été en reste : l’Allemagne demeure le premier partenaire commercial de la Turquie, et Merz a insisté sur la « stabilité nécessaire » pour encourager les investissements européens dans le pays.
Des divergences persistantes
Malgré le ton cordial affiché, plusieurs sujets de désaccord subsistent.
Berlin continue de critiquer les atteintes à la liberté de la presse et l’emprisonnement d’opposants politiques en Turquie. Ankara, de son côté, reproche à l’Allemagne son manque de soutien clair aux opérations turques en Syrie et sa prudence sur certaines questions énergétiques régionales.
Lors de la conférence de presse conjointe, Friedrich Merz a rappelé que « la coopération ne signifie pas l’oubli des valeurs », une formule qui illustre bien la ligne de crête que l’Allemagne tente désormais de suivre : concilier principes démocratiques et réalisme géopolitique.
Un virage assumé de la diplomatie allemande
Cette visite s’inscrit dans un repositionnement plus large de l’Allemagne sur la scène internationale.
Depuis son arrivée à la chancellerie, Merz défend une politique étrangère plus active, notamment dans le domaine de la défense et de la sécurité.
En s’adressant à Ankara non comme un simple voisin difficile mais comme un partenaire stratégique, Berlin cherche à rééquilibrer ses alliances et à consolider son influence au sein de l’OTAN et de l’Union européenne.
Ce choix n’est pas sans risque, mais il témoigne d’une volonté nouvelle : celle de faire de l’Allemagne une puissance diplomatique de plein exercice, capable de dialoguer sans naïveté mais sans condescendance.


 
		 
			 
			 
			 
			 
			