Paul Biya réélu avec 53,66 % des voix, Issa Tchiroma obtient 35,19%, Tchiroma conteste les résultats.
Cette proclamation de résultats, a été accueillie par des applaudissements contenus des partisans du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), mais aussi par une vague de contestation dans plusieurs régions du pays.
À Garoua, Maroua et Ngaoundéré, bastions politiques de Tchiroma, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues dès l’annonce des résultats. Brandissant des pancartes où l’on pouvait lire “Non à la fraude”, ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme un déni de démocratie. Les forces de sécurité ont rapidement dispersé les rassemblements, non sans heurts.
« Une victoire volée »
Issa Tchiroma Bakary a rejeté les résultats officiels, affirmant disposer de “preuves de manipulation à grande échelle”.
« Les chiffres publiés ne reflètent pas la réalité du vote. C’est une victoire volée, et nous n’allons pas rester silencieux », a-t-il déclaré.
Ancien ministre de la Communication, longtemps considéré comme un proche du régime avant sa rupture avec le pouvoir, Tchiroma est parvenu à fédérer une partie de l’opposition autour de son mouvement.
Réaction prudente du pouvoir
Du côté du camp présidentiel, la réaction se veut apaisante. Un proche conseiller du chef de l’État assure que « la victoire de Paul Biya traduit la volonté du peuple camerounais de préserver la stabilité et l’unité nationale ».
Les responsables du RDPC appellent leurs partisans à « éviter toute provocation » et à « respecter les institutions ».
Un vote sous tension
Plusieurs missions d’observation régionales ont salué le calme relatif du scrutin, tout en pointant des retards dans la transmission des résultats et des irrégularités locales.
Des critiques qui, selon les observateurs, « ne remettent pas en cause la tendance nationale, mais soulignent la fragilité du processus électoral ».
Une fracture générationnelle
Pour nombre d’analystes, cette élection a surtout mis en lumière la fatigue politique d’une partie de la jeunesse camerounaise, confrontée à un chômage endémique et à un manque de perspectives.
« Ce scrutin montre que le pays est à un tournant. Les jeunes ne croient plus à la stabilité sans changement », commente un politologue de l’Université de Douala.
Alors que Paul Biya s’apprête à entamer un huitième mandat, la contestation portée par Issa Tchiroma pourrait marquer un nouveau chapitre dans la vie politique camerounaise. Reste à savoir si cette mobilisation populaire, encore spontanée, trouvera une traduction politique durable ou si elle sera étouffée, comme tant d’autres avant elle.
