Guinée-Bissau : arrestation de plusieurs officiers militaires pour tentative de coup d’État
Une nouvelle secousse dans l’armée bissau-guinéenne
Plusieurs officiers supérieurs de l’armée bissau-guinéenne ont été arrêtés dans la nuit du 30 au 31 octobre 2025, accusés d’avoir planifié une tentative de coup d’État contre les institutions de la République.
Selon un communiqué officiel de l’état-major des armées, l’opération aurait permis de “neutraliser une cellule subversive” à quelques semaines seulement des élections générales prévues le 23 novembre.
Les forces de sécurité assurent avoir agi « pour préserver la stabilité et la paix nationale », une phrase devenue familière dans un pays qui a connu plus d’une dizaine de putschs ou tentatives depuis son indépendance.
Les arrestations visent de hauts gradés
Parmi les personnes interpellées figure le colonel Daba Na Walna, ancien président de la Haute Cour militaire, connu pour ses liens avec plusieurs courants critiques du régime.
D’autres officiers, dont les identités n’ont pas été rendues publiques, seraient également en détention à Bissau pour des interrogatoires menés par les services de renseignement.
Des sources proches du dossier évoquent un réseau interne au sein des forces armées, soupçonné d’avoir cherché à exploiter le climat politique tendu à l’approche du scrutin.
« Les auteurs présumés cherchaient à déstabiliser le pays à un moment critique », a déclaré un porte-parole de l’armée, précisant que des preuves matérielles auraient été saisies lors des perquisitions.
Un contexte politique sous haute tension
La Guinée-Bissau traverse une période d’instabilité politique chronique.
Le président Umaro Sissoco Embaló, élu en 2019, fait face à une opposition qui l’accuse d’avoir prolongé son mandat au-delà des délais constitutionnels et d’avoir concentré les pouvoirs exécutif et militaire.
Les élections législatives et présidentielle de novembre représentent donc un moment décisif pour le pays.
Mais l’annonce de ces arrestations, juste avant l’ouverture de la campagne électorale, fait naître de vives interrogations : s’agit-il d’une véritable menace sécuritaire, ou d’une manœuvre politique visant à intimider certains acteurs militaires et civils ?
Réactions et inquiétudes régionales
La CEDEAO et l’Union africaine ont rapidement exprimé leur préoccupation, appelant à la transparence dans les enquêtes et au respect des droits des détenus.
Des diplomates à Bissau estiment que ces arrestations pourraient raviver les divisions internes au sein des forces armées, longtemps perçues comme arbitres du pouvoir politique.
Plusieurs observateurs craignent que cet épisode ne fragilise davantage le processus électoral, déjà entaché par des soupçons d’ingérence militaire et de pressions sur les médias.
Un test pour la démocratie bissau-guinéenne
L’affaire pourrait marquer un tournant majeur pour la stabilité du pays.
Si le gouvernement prouve que ces arrestations reposent sur des faits réels, il renforcera sa crédibilité à l’international.
Mais dans le cas contraire, une instrumentalisation politique de l’armée risquerait de détériorer encore la confiance entre civils et militaires.
Quoi qu’il en soit, la Guinée-Bissau se retrouve de nouveau face à un choix historique : consolider un État de droit durable ou retomber dans le cycle des coups d’État et des crises.

