Référendum du 21 septembre : Bah Oury face aux appels au boycott de Cellou Dalein et d’Alpha Condé
À quelques jours du référendum constitutionnel prévu pour le 21 septembre 2025, la Guinée se retrouve à un carrefour politique majeur. Alors que ce scrutin devrait permettre de redéfinir les bases institutionnelles du pays, il cristallise au contraire les divisions. Deux visions s’opposent : d’un côté, les appels au boycott lancés par les figures historiques de l’opposition, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé ; de l’autre, l’invitation ferme du Premier ministre Bah Oury à une mobilisation citoyenne autour de ce projet de « refondation nationale ».
Les voix du refus : Cellou Dalein et Alpha Condé dénoncent une « mascarade ».
Depuis plusieurs semaines, l’ancien chef de file de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, multiplie les interventions pour contester le processus. Selon lui, le référendum n’est rien d’autre qu’une mise en scène électorale destinée à conforter le pouvoir en place :
« L’UFDG ne participera pas à cette mascarade. Même si vous votez non, votre voix sera transformée en oui. »
En s’exprimant ainsi, Cellou Dalein exprime une méfiance totale vis-à-vis des mécanismes de contrôle du scrutin et, plus largement, une absence de confiance dans l’impartialité des institutions actuelles.

Son ancien rival, l’ex-président Alpha Condé, s’inscrit dans la même logique de rejet frontal. Celui qui avait lui-même dirigé le pays jusqu’en 2021 appelle désormais les Guinéens à rester chez eux le jour du vote :
« Rien de ce qui émane de ce régime illégitime ne doit avoir de valeur. Ne cautionnez pas cette mascarade. »
En associant sa voix à celle de Cellou Dalein, Alpha Condé tente de rallier une partie de l’opinion publique à une posture d’abstention, voire de résistance passive. Leur front commun traduit une volonté claire : délégitimer par avance un scrutin perçu comme biaisé.

Bah Oury sur France 24 : « Nous ne sommes plus dans le pays d’hier »
Face à ces attaques, le Premier ministre Bah Oury a choisi la scène internationale pour répondre. Invité de la chaîne France 24, il a défendu la légitimité et l’importance du référendum. Son message est clair : la Guinée entre dans une nouvelle phase politique, et refuser de participer reviendrait à se couper de cette dynamique.
« La notion d’opposition est relative. Dans ce contexte de refondation, chacun doit accepter de se mesurer aux urnes. Ceux qui s’opposent au référendum doivent s’interroger sur leur sens de l’État et de la responsabilité. »
Par cette déclaration, Bah Oury repositionne le débat : il ne s’agit plus d’une confrontation entre majorité et opposition classique, mais d’un choix historique auquel chaque citoyen est appelé à contribuer.
S’il reconnaît que le boycott fait partie des stratégies politiques possibles, il met néanmoins en garde contre les dérives d’un discours qui, selon lui, alimente la défiance au lieu de renforcer la République :
« Lorsqu’on parle au nom de la République, on doit le faire avec raison et responsabilité. »
La promesse d’un processus électoral sécurisé
Pour convaincre au-delà du discours politique, Bah Oury met en avant les mesures techniques adoptées afin de rendre le scrutin plus crédible. Selon lui, les autorités ont pris des dispositions inédites pour garantir la transparence :
un enrôlement élargi permettant à une frange plus importante de la population de s’inscrire,
une identification rigoureuse des électeurs,
un fichier électoral adossé à l’état civil, censé limiter les fraudes et les doublons.
Confiant, il affirme que le « oui » sortira largement vainqueur du référendum, mais insiste surtout sur un point : seule une participation massive permettra de donner à la future Constitution la légitimité qu’elle exige.
Un moment de vérité ou d’incertitude pour la Guinée
Le 21 septembre 2025 ne sera pas seulement une date électorale. Ce jour-là, la Guinée mesurera l’écart entre deux visions opposées de son avenir : celle d’une rupture avec le processus institutionnel, incarnée par Cellou Dalein et Alpha Condé, et celle d’une volonté de bâtir de nouvelles fondations, portée par Bah Oury et son gouvernement.
L’enjeu dépasse le simple résultat du vote. La crédibilité de ce référendum dépendra à la fois du taux de participation et de la confiance que les autorités réussiront à instaurer dans l’opinion publique. Entre boycott annoncé et mobilisation souhaitée, c’est la stabilité politique et l’image internationale de la Guinée qui se jouent.
Bah Oury, en affirmant sur France 24 que « nous ne sommes plus dans le pays d’hier », trace une ligne claire : il veut convaincre que la Guinée s’engage sur un chemin nouveau, où le rejet systématique ne saurait remplacer le débat démocratique. Le verdict des urnes dira si les citoyens partagent cette vision.
