Deux candidatures écartées : quelles conséquences pour le scrutin guinéen ?
L’annonce de l’exclusion de Lansana Kouyaté et Ousmane Kaba de la course à la présidentielle du 28 décembre 2025 en Guinée fait beaucoup réagir. Ces deux personnalités, considérées comme des poids lourds de la scène politique, viennent d’être déclarées inéligibles par la Cour suprême.
Une décision qui soulève à la fois des interrogations juridiques et des inquiétudes politiques quant à la crédibilité du processus électoral. D’ailleurs, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré n’ont pas déposé de candidature puisqu’ils sont en exile forcé.
Un contexte politique déjà sous tension
Lansana Kouyaté, chef du Parti de l’Espoir pour le Développement National (PEDN), avait officiellement été investi par sa formation pour défendre ses couleurs lors de cette élection très attendue.
De son côté, Ousmane Kaba, président du Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES) et ancien ministre, avait déposé son dossier de candidature le 31 octobre 2025.
Ces dépôts intervenaient dans un contexte politique sensible, marqué par une transition encore fragile après le coup d’État de 2021. L’échéance de décembre devait symboliser le retour à un ordre démocratique stable, mais ces exclusions viennent raviver les doutes sur la transparence du processus.
Motifs officiels de rejet
Selon la Cour suprême, les dossiers des deux candidats ont été jugés irrecevables pour des raisons administratives.
- Pour Lansana Kouyaté : une déclaration sur l’honneur de ses biens non authentifiée.
- Pour Ousmane Kaba : une fiche d’identité incomplète.
Des motifs apparemment techniques, mais qui prennent une tout autre dimension dans un contexte où la méfiance politique reste forte.

Analyse : entre légalité et soupçons d’exclusion ciblée
Sur le plan strictement légal, l’État a toute légitimité pour exiger que les candidatures respectent les conditions prévues par la loi : documents valides, identité complète, déclaration de patrimoine conforme, etc. Cependant, la façon dont ces rejets ont été décidés et communiqués soulève plusieurs questions.
Un problème de transparence
Lorsqu’il s’agit de personnalités d’envergure nationale, toute décision d’invalidation doit être motivée clairement et accessible au public. À défaut, le risque est grand de nourrir le soupçon d’un tri sélectif plutôt que d’une application équitable du droit électoral.
L’équité du scrutin en jeu
L’élimination de figures reconnues de l’opposition crée un déséquilibre dans la compétition. Si certains candidats sont écartés pour des détails administratifs alors que d’autres passent sans difficulté, cela remet en cause le principe d’égalité des chances devant l’élection.
Impact sur le paysage politique
Kouyaté, Kaba, Cellou et Sidya ne représentent pas seulement quatre individus, mais aussi des forces politiques et régionales importantes. Leur absence pourrait réduire la diversité des options offertes aux électeurs et affaiblir la perception de pluralisme.
Cela risque aussi de fragiliser la légitimité du futur président, surtout si une partie de la population estime que la compétition n’a pas été équitable.
Doumbouya étant candidat le tour est déjà joué à l’avance parce que le putschiste ne voudra pas quitté le pour qu’il a conquis de manière illégale et illégitime.
Ce processus électoral n’est qu’une procédure de légitimation du pouvoir militaire pour dire aux bailleurs de fonds que le retour à l’ordre constitutionnel est effectif.
Une décision à double portée : juridique et politique
Dans une Guinée encore en phase de transition, chaque décision de cette nature dépasse le simple cadre administratif. Elle influence directement la confiance nationale et internationale dans la crédibilité du scrutin. D’où la nécessité d’un traitement rigoureux, impartial et transparent.
Les deux candidats disposent de 72 heures pour introduire un recours contre la décision de la Cour suprême. Reste à voir si ces démarches aboutiront ou si les autorités électorales maintiendront leur position.
Quoi qu’il en soit, cette situation constitue déjà un test majeur pour la démocratie guinéenne : le pays doit prouver que la loi électorale s’applique à tous, sans sélectivité ni instrumentalisation.
Un enjeu de crédibilité nationale
En tant qu’observateur et citoyen, je considère que l’invalidation de ces deux candidatures soulève plus de questions qu’elle n’apporte de certitudes. Le respect des règles est essentiel, mais il ne doit jamais se faire au détriment de la confiance du peuple dans le processus démocratique.
La Guinée joue ici sa crédibilité : soit elle montre que la justice électorale est indépendante et transparente, soit elle risque de fragiliser encore un peu plus la foi des citoyens en leurs institutions.
Je suivrai avec attention les recours de Kouyaté et Kaba, ainsi que la manière dont la campagne s’organisera avec ou sans eux. Car au-delà des noms, c’est la qualité du scrutin et la maturité démocratique du pays qui sont en jeu.
