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Les premiers ministres guinéens des quatorze dernières années.

Une analyse comparative de l’époque des premiers ministres nommés par le régime du professeur Alpha Condé et l’époque du régime militaire de « Général » Mamady Doumbouya le putschiste qui a renversé le pouvoir politique guinéen en 2021.

Les quatorze dernières années, six premiers ministres se sont succédés à la primature de la République de Guinée.

Historiquement, le poste de premier ministre en République Guinée est un poste qui n’a pas toujours été obligatoire car le président de la République n’avait pas forcement l’obligation de nommer un premier ministre. Le premier chef d’État Ahmed Sékou Touré est resté plusieurs années à la tête du pouvoir exécutif sans un premier ministre. Mais le 25 avril 1972, il a voulu déléguer une partie de son pouvoir, alors il a créé la fonction de premier ministre en nommant Louis Lansana Béavogui pour coordonner les missions du gouvernement.

Le deuxième chef d’État guinéen le Général Lansana Conté dans une interview disait: « Le poste de premier ministre n’est pas obligatoire mais nécessaire. » D’ailleurs, la crise politique de 2007 avec la grève générale des syndicats lui avait poussé à nommer un premier ministre de large consensus pour mettre fin à la crise d’où la nomination d’Eugène Camara ensuite Lansana Kouyaté la même année. Le poste de premier ministre en Guinée est une sorte de fusible qui protège le chef d’État en cas de crise grave au sommet de l’État.

Dans cette analyse, on ne va pas établir une liste exhaustive de tous les premiers ministres guinéens de la première République à nos jours mais faire une analyse comparative de l’époque entre les premiers ministres des quatorze dernières années. C’est-à-dire l’époque des premiers ministres nommés par Alpha Condé et Mamady Doumbouya.

En quoi il est important de faire cette analyse comparative ?

Vu les crises politiques des dernières années, plus précisément depuis le coup d’État militaire de 2021, trois premiers ministres se sont succédés à la primature en mois de trois ans. Bien que le régime soit un régime de transition militaire, force est de constater une nomination abusive de premiers ministres. Donc, une analyse s’impose à l’esprit de tout analyste ou politiste qui s’intéresse aux phénomènes politiques pour identifier les problèmes politiques qui entraine les crises au sommet de l’État. Est-ce une incompétence politique du dirigeant ou de ses ministres ?

En dix ans Alpha Condé a nommé trois premiers ministres.

L’accession du Professeur Alpha condé à la magistrature suprême de la République de Guinée en 2010 à l’issue d’une élection présidentielle controversée par l’opposition, il a nommé Mohammed Saidou Fofana comme premier ministre de son premier quinquennat. Un premier ministre épuisé par les crises politiques postélectorales caractérisées par des manifestations interminables de l’opposition politique. Mohammed Saidou Fofana semblait très mou pour Alpha Condé durant son premier mandat. Alors, il fallait réfléchir sur un nouveau profil proactif issu du secteur privé pour mettre en avant une structure économique basé sur les petites et moyennes entreprises(PME) pour reminimiser l’économie et la production intérieure. En 2018 il a nommé Mamady Youla pour rétablir ou remettre en marche l’économie guinéenne frappée par la crise sanitaire d’Ebola.

Au même moment, la production de la bauxite, une matière première permettant de produire l’alumine a explosé, c’est-à-dire qu’on a multiplié le nombre de tonne de bauxite produit par an. « On produisait 80 000 000 de tonnes de bauxite par an ». Donc, la Guinée produisait plus de tonnes de bauxite et l’économie était sur la voie de l’émergence par rapport à la crise sanitaire d’Ebola qui est venu déstabiliser la planification économique du gouvernement en 2014.

Le poste de premier ministre étant politique, Alpha condé a jugé nécessaire de nommer un premier ministre qui a plusieurs casquettes c’est-à-dire qui a un profil à la fois politique, économique et financier pour terminer son second mandat et préparer le fameux referendum de changement de la constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat que l’opposition politique considère jusqu’à présent comme un troisième mandat qui n’était pas autorisé par la constitution de 2010 à travers laquelle Alpha Condé a été élu. En 2018, Docteur Kassory Fofana est nommé premier ministre pour restructurer l’économie et mobiliser les ressources internes par exemple la mission d’appui à la mobilisation des ressources: https://mamri.gov.gn/ et pour préparer les esprits à un changement de constitution, à une éventuelle candidature du Professeur Alpha Condé pour briguer un autre mandat.

Il est claire qu’Alpha Condé et ses ministres étaient politiquement compétents pour diriger le pays mais la boulimie du pouvoir leur a poussé à changer la constitution pour rester encore plus longtemps au pouvoir. L’ancien légionnaire et commandant des forces spéciales Mamady Doumbouya a profité de cette occasion pour renverser le pouvoir en prônant la « Refondation de l’État et la Rectification institutionnelle. »

L’arrivée de Mamady Doumbouya au pouvoir et la nomination de trois premiers ministres en moins de trois ans.

L’arrivée de Mamady Doumbouya au pouvoir a suscité beaucoup d’espoir au sein de la population guinéenne, l’espoir du renouveau politique et de la justice. Le manquement dans la gestion des affaires publiques à l’époque du gouvernement d’Alpha Condé a été dénoncé par le CNRD pour chercher à légitimer les reformes envisagées et faire la rupture avec les anciennes pratiques au sein de l’administration publique.

La nomination du premier ministre Mohammed Béavogui avait été saluée par la population Guinéenne puisque personne ne doutait de sa compétence pour sortir la Guinée de la crise politique de manière rapide et efficace.

D’ailleurs, Mohammed Béavogui lui-même disait que son gouvernement n’est pas un gouvernement de développement mais un gouvernement de délivrable pour servir les guinéens c’est-à-dire qu’il faut construire une administration fondée sur une base solide pour donner à la Guinée des institutions solides pour que l’administration fonctionne correctement.

Mais, la réalité politique a poussé Mohammed Béavogui à démissionner de manière implicite parce que sa démission n’avait pas été officialisée. Il avait juste effectué un déplacement à l’étranger pour des raisons de santé et depuis lors, il ne s’est pas retourné au pays. C’est un fonctionnaire international compétant et capable de sortir la Guinée dans l’ornière politique qui empêche son développement mais Mamady Doumbouya avait fait une erreur politique ou a fait preuve de négligence pour perdre un homme aussi important que compétent pour diriger le gouvernement de la transition afin que le retour à l’ordre constitutionnel soit rapide et efficace. Par conséquent, son incompétence et son calcul politique plonge la Guinée de plus en plus dans la crise politique.

Après le départ de Mohammed Béavogui, le régime militaire a trouvé rapidement quelqu’un pour remplacer le premier ministre qui est parti à l’étranger pour des « soins de santé ». On sait que la nature a horreur du vide, donc, il faut nommer un autre premier ministre pour continuer la mission du gouvernement. C’est dans ce contexte que Bernard Gomou a été nommé comme premier ministre par intérim dans la précipitation le 16 juillet 2022 puis maintenu jusqu’à la dissolution du gouvernement le 19 février 2024. Pendant la gouvernance de Bernard Gomou il y a eu de malversations financières que les activistes et politistes ont dénoncé.

D’ailleurs, l’incompréhension qui a eu lieu entre lui et le ministre de la justice d’alors intrigue beaucoup de personnes, à cela s’ajoute la question de poursuite judiciaire contre les directeurs des affaires financières(DAF). L’incompétence de Mamady Doumbouya s’est manifestée non seulement dans la nomination des fonctionnaires dans l’administration publique mais aussi dans la gestion du pouvoir de manière générale.

Le gouvernement de Bernard Gomou ne répondant pas aux attentes du CNRD et l’incompréhension entre les ministres c’est-à-dire l’incongruité dans les affaires publiques entraine la dissolution du gouvernement.

Suite à la dissolution du gouvernement, Mamady Doumbouya tente de séduire à nouveau les guinéens en nommant une figure politique en l’occurrence monsieur Amadou Oury Bah pour prolonger la durée de la transition c’est-à-dire, former un nouveau gouvernement qui va encore retarder les élections. C’est tout simplement une politique pour se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible. Le nouveau gouvernement ne fera qu’exécuter les ordres du putschistes qui essaie de berner les guinéens avec des manœuvres politiques qui ne font pas avancer la Guinée vers le retour à l’ordre constitutionnel.

Mamady Doumbouya ne change-t-il pas de premier ministre de manière abusive? Il est incompétent pour gérer un pays comme la Guinée, n’est-ce pas ? Chacun peut se faire une opinion sur la gestion catastrophique du pays par ce militaire qui n’a aucune compétence politique pour diriger un État.

Il est primordial de terminer cette analyse en affirmant que la gestion de Alpha Condé est beaucoup plus mieux que le putschiste parce que la situation politique de la Guinée s’enlise de plus en plus dans la crise politique et la population guinéenne souffre à cause de cette crise qui dure depuis plusieurs années.

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