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Trois ans de pouvoir militaire en Guinée: l’An III du CNRD

Un bilan sombre en trois ans

Le 5 septembre 2021, le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, renversait le président Alpha Condé lors d’un coup d’État qui marquait un tournant dans l’histoire politique guinéenne.

Le peuple, fatigué d’années de mauvaise gouvernance, d’abus de pouvoir et d’injustice sociale, avait accueilli ce changement avec une certaine euphorie, espérant que le CNRD marquerait le début d’une nouvelle ère de démocratie et de respect des droits humains. Cependant, trois ans plus tard, ces espoirs semblent de plus en plus illusoires.

Un pouvoir qui se durcit

Si le CNRD avait initialement promis une transition rapide vers un régime civil et démocratique, la réalité sur le terrain montre une dérive autoritaire croissante. Sous le prétexte de restaurer l’ordre et de réformer les institutions de l’État, le pouvoir militaire s’est installé de manière prolongée, repoussant sans cesse la date des élections.

La junte continue d’exercer un contrôle strict sur la vie politique, limitant la liberté d’expression et réprimant toute forme de dissidence.

Les arrestations arbitraires de militants politiques, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme se sont multipliées. Ceux qui osent critiquer ouvertement le régime sont souvent intimidés, voire emprisonnés sans procès équitable.

Les organisations de défense des droits humains, tant nationales qu’internationales, ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant à la dégradation des libertés publiques dans le pays.

Répression brutale des manifestations

Les manifestations contre la junte sont régulièrement réprimées avec une violence disproportionnée. Ces dernières années, plusieurs mouvements sociaux et politiques ont organisé des manifestations pacifiques pour exiger un retour à l’ordre constitutionnel et la fin de la militarisation du pouvoir.

Toutefois, la réponse du CNRD a souvent été brutale: des forces de sécurité lourdement armées ont fait usage de balles réelles, de gaz lacrymogènes et de véhicules blindés pour disperser les foules.

Des dizaines de manifestants ont été tués et de nombreux autres blessés. Cette répression violente a contribué à installer un climat de peur dans le pays, où la liberté de rassemblement est désormais perçue comme un acte de défiance risqué.

Un pouvoir insensible aux critiques internationales

Malgré les pressions de la communauté internationale, y compris des organisations régionales comme la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest), le CNRD semble sourd aux appels à un retour rapide à la démocratie et au respect des droits humains.

Les sanctions ciblées et les menaces de suspension des aides internationales n’ont eu qu’un impact limité sur la junte, qui se montre déterminée à rester au pouvoir aussi longtemps que possible.

Le discours officiel, loin de reconnaître les dérives autoritaires, tente de justifier ces violations par des raisons de sécurité nationale et de stabilité politique.

En réalité, cette approche ne fait qu’aggraver les tensions dans le pays et alimenter un sentiment de frustration au sein de la population, qui se sent trahie par un pouvoir censé la protéger.

Des droits humains foulés aux pieds

L’un des aspects les plus préoccupants du régime du CNRD est son mépris croissant pour les droits humains. Les atteintes à la liberté d’expression, les arrestations arbitraires et la répression des manifestations pacifiques témoignent d’un pouvoir qui ne tolère aucune forme de contestation.

Les conditions de détention de nombreux prisonniers politiques sont souvent dénoncées, notamment les cas de torture et les mauvais traitements dans les centres de détention.

Les droits économiques et sociaux ne sont pas en reste. La crise économique qui frappe la Guinée, en partie exacerbée par une mauvaise gestion des ressources publiques, affecte gravement la population.

Le chômage des jeunes, le manque d’infrastructures de base et la corruption généralisée n’ont pas été résolus malgré les promesses initiales du CNRD. L’instabilité politique prolongée accentue les inégalités et plonge une partie de la population dans une précarité croissante.

Un horizon incertain pour la Guinée

Trois ans après l’arrivée au pouvoir du CNRD, la Guinée semble s’enfoncer dans une nouvelle phase d’autoritarisme. Le régime militaire, loin d’apporter les réformes nécessaires pour instaurer un véritable État de droit, s’est transformé en un pouvoir répressif, marqué par des violations répétées des droits humains.

Le retour à la démocratie tant attendu reste incertain, et les Guinéens, qui avaient placé leurs espoirs dans ce changement de régime, sont de plus en plus désillusionnés.

Il est essentiel que la communauté internationale, ainsi que la société civile guinéenne, continuent de faire pression sur le CNRD pour qu’il respecte ses engagements et qu’un processus de transition inclusif et pacifique soit mis en place.

Sans cela, le rêve d’une Guinée démocratique et respectueuse des droits de ses citoyens risque de s’éloigner davantage.

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