Une fédération entre la Guinée, le Mali et le Burkina Faso?

Le point de vue d’un activiste politique sur la question de fédération assez souvent débattue dans l’opinion publique ouest africaine.

Une très bonne idée soutenue par beaucoup de citoyens de la CÉDÉAO. « L’union fait la force » est l’expression souvent mise en exergue pour défendre l’idée d’une éventuelle fédération. Mais les avis sur cette question varient en fonction du contexte historique, l’intérêt de cette fédération et l’actualité politique marquée par des critiques contre les coups d’État, l’insécurité, la lutte contre le terrorisme, l’influence des grandes puissances dans la région etc.

Des spécialistes en sciences politiques, des journalistes, des activistes politiques, des blogueurs, des citoyens directement ou indirectement interpellés par cette question, donnent leurs avis dans des débats, en écrivant des articles courts ou longs, ou en faisant des vidéos sur les différents réseaux sociaux. Bref, une façon d’animer et participer à la vie politique, à la démocratie, pour défendre les libertés publiques, la liberté d’expression et la liberté d’opinion.

Ainsi, j’exprime mon opinion par rapport à la question de façon simple, courte et compréhensive.

Un rappel historique sur le « NON » de la Guinée au Référendum de 1958 en rapport avec cette volonté de former une « fédération » entre la Guinée, le Mali et le Burkina Faso.

En se fondant sur le Référendum de 1958, on peut affirmer sans complexe qu’aucune parcelle de notre souveraineté ne sera abandonnée au profit d’une quelconque fédération désordonnée. Pendant que nous disions « NON », Certains disaient « OUI ». On nous a isolé pendant des années mais on a pu relever ce défi historique malgré les difficultés. C’est d’ailleurs à cette époque l’idée de former la fédération du Mali est née, c’est-à-dire entre le Sénégal et le Soudan, (actuelle République du Mali). Il est important de s’interroger sur la cause de l’échec de la fédération précoce de 1959 entre le Sénégal et Soudan(Mali) avant de vouloir former une autre fédération entre les États qui sont politiquement instables et/ou les coups d’État s’enracinent à cause de l’échec des pouvoirs publics.

Il ne faut pas oublier non plus que, le disfonctionnement des institutions étatiques en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, ne permet pas de former une fédération efficace pouvant faire face aux enjeux du XXIe siècle et la complexité de l’environnement politique international. Les problèmes politiques internes de ces trois États membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest favorisent l’instabilité, l’insécurité et fragilisent l’organisation sous-régionale. Retenons que ces États sont membres fondateurs de cette organisation internationale dans laquelle ils sont suspendus à cause des coups d’État. D’aucuns critiquent le nationalisme au profit d’une fédération inopportune.

Cependant, le nationalisme n’empêche pas une coopération renforcée entre les États de la sous-région. C’est pourquoi, je soutiens une coopération renforcée préservant une certaine souveraineté des États qu’une « fédération inopportune ». Une fédération dans le contexte actuel à mon sens ne peut en aucun cas prospérer. En revanche, on peut construire des États-Unis d’Afrique sur la base d’un processus d’intégration plus efficace au sein des organisations régionales et sous-régionales ou renforcer la coopération déjà existante avec des gouvernements légaux et légitimes. Nous ne voulons pas l’association des putschistes qui ont accédé à la magistrature suprême par des prises illégales du pouvoir dans une fédération utopique.

La fédération doit avoir des prérequis comme.

La restauration de l’ordre constitutionnel, la reconquête des territoires incontrôlés par les États voulant cette éventuelle fédération, la stabilité politique et demander l’avis des peuples concernés à travers un référendum.

Donc, ce ne sont pas des décisions unilatérales des putschistes qui vont conduire à une fédération des États qui ont accédé à la souveraineté dans de contextes différents. On peut comprendre la bonne volonté derrière cette idée de fédération mais cette volonté ne repose sur aucune base légale et légitime. Bref, réglons d’abord nos problèmes internes avant de rêver de la fédération. L’union des putschistes dans une fédération sera un « capharnaüm institutionnel ».

C’est mon opinion !

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2 commentaires

  1. Mon commentaire concerne ce point: Le point de vue d’un activiste politique sur la question de fédération assez souvent débattue dans l’opinion publique ouest africaine. »

    Un peu plus d’un an après la rédaction de votre « C’est mon opinion ! », beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, le Niger s’est invité à la partie et, comme la nature a horreur du vide, elle a occupé la place que moi aussi j’avais espéré que la Guinée prenne (et que j’espère toujours qu’elle prenne). Le Niger s’est associé au Mali et au Burkina pour former l’Alliance des États du Sahel (AES) encore appelé Liptako-Gourma. Aujourd’hui c’est un pacte de défense mutuelle conclu le 16 septembre 20233 et l’AES a été créée pour aider à contrer d’éventuelles menaces de rébellion armée ou d’agression extérieure, en soulignant que « toute attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties ». Néanmoins, on se rend compte que c’est l’embryon de quelque chose qui va grandir, se développer et qui sait, aboutira à une fédération. L’AES n’est donc ni une fusion-acquisition qui constituerait la transmission universelle du patrimoine d’une société à une autre société, la société ici étant transposée à un pays. L’ensemble des éléments passifs et actifs de la société absorbée est transmis à la société absorbante. Ni une fusion absorption et même pas une fusion par constitution d’une société nouvelle (toujours penser à remplacer société par pays pour bien comprendre) est l’opération par laquelle deux sociétés au moins fusionnent pour créer une nouvelle société. Dans cette hypothèse, aucune des deux sociétés n’absorbe l’autre. Je pense que c’est une telle alliance qu’on espérait avec la Guinée, il n’est pas trop tard, le train est encore au départ, tout pays peut encore y sauter.

    1. Ils ont très bien fait de renforcer leur coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme ou d’éventuelles agressions extérieures dans la région du Sahel.
      Par contre pour créer une fédération, il faut passer par des régimes légaux et légitimes afin que le socle de leur volonté de s’unir soit institutionnellement plus solide.
      Les voix de leurs différents peuples comptent dans ce processus(Référendum). En ce qui concerne L’AES, ce n’est qu’un renforcement de coopération sécuritaire. Mais, c’est déjà un début d’un processus d’intégration qu’il faut encourager. Les autres organisations sous-régionales ont commencé ce processus il y a des années, il suffit juste qu’il y ait plus de rigueur dans l’applications des résolutions. Bref, l’Afrique doit s’unir quoi qu’il en soit.

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