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La délivrance des agréments aux ONG et aux Associations suspendue en Guinée

En Guinée, la junte militaire au pouvoir, dirigée par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), a annoncé le 02 septembre la suspension de la délivrance des agréments aux Organisations Non Gouvernementales (ONG) et aux associations.

Cette décision, prise par les autorités militaires, s’inscrit dans un contexte politique tendu, où la junte cherche à renforcer son contrôle sur les activités civiles, en particulier celles des organisations qui pourraient exercer une influence politique ou sociale.

Une décision visant à restreindre les libertés publiques

Depuis la prise de pouvoir par la junte en septembre 2021, après un coup d’État qui a renversé le président Alpha Condé, le CNRD a entrepris une série de réformes et de mesures pour consolider son pouvoir. Parmi ces mesures, la régulation stricte des activités des ONG et des associations semble jouer un rôle central. Ces organisations, souvent soutenues par des acteurs internationaux, ont une influence considérable en Guinée, notamment dans les domaines des droits de l’homme, de la gouvernance, de la santé et de l’éducation.

La décision de suspendre la délivrance des agréments s’inscrit dans une volonté apparente de limiter l’espace d’expression et d’organisation de la société civile, perçue comme un contre-pouvoir potentiel par la junte. Elle pourrait être motivée par une méfiance à l’égard des ONG, que le pouvoir soupçonne parfois de servir de relais pour des agendas politiques ou étrangers. Il faut rappeler encore une fois que deux figures emblématiques de la société civile guinéenne sont kidnappés par le régime du putschiste Mamady Doumbouya.

Les conséquences de la suspension

La suspension de la délivrance des agréments pour 4 mois risque de freiner considérablement les activités des ONG et des associations en Guinée, qui dépendent souvent de l’autorisation officielle pour opérer légalement. Sans cette reconnaissance, leurs capacités à mener des projets, à recevoir des financements, et à organiser des événements seront grandement limitées.

Cette mesure a suscité des inquiétudes tant au niveau national qu’international. Les acteurs de la société civile craignent une restriction accrue des libertés d’association et d’expression, déjà mises à mal par la junte. De plus, certains partenaires internationaux, qui financent de nombreux projets à travers ces ONG, pourraient reconsidérer leur soutien à la Guinée si les conditions de travail deviennent trop contraignantes pour leurs partenaires locaux.

En réponse, la junte pourrait arguer que cette suspension est temporaire et vise à mieux encadrer les activités des ONG pour éviter des dérives ou des infiltrations d’acteurs malintentionnés. Cependant, sans transparence sur la durée et les conditions de levée de cette suspension, les inquiétudes persistent sur une possible volonté de museler toute forme de contestation ou d’alternative au pouvoir militaire en place.

La suspension de la délivrance des agréments aux ONG et aux associations par la junte en Guinée représente une nouvelle étape dans la consolidation du pouvoir du CNRD. Cette mesure pourrait avoir des répercussions importantes sur le paysage associatif et la dynamique sociale du pays. Les prochains mois seront cruciaux pour observer si cette suspension sera levée ou si elle s’inscrira dans une stratégie plus large de restriction des libertés publiques en Guinée.

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