Première visite de Merz en Israël : entre soutien historique et diplomatie délicate
Pour sa première visite officielle au Moyen-Orient depuis son arrivée à la chancellerie, Friedrich Merz a choisi Israël un choix à la fois symbolique et politiquement chargé.
Dans un contexte où la guerre à Gaza a profondément crispé les relations internationales, le voyage du chancelier allemand prend des airs de véritable exercice d’équilibriste. Je reviens sur les moments clés de cette visite, qui en dit long sur l’état actuel du lien entre Berlin et Jérusalem.
Un accueil chaleureux mais un contexte tendu
Dès son arrivée, Merz a été reçu avec les honneurs protocolaires, mais l’atmosphère n’avait rien d’une simple visite de courtoisie. Entre l’embargo temporaire sur les ventes d’armes allemandes, les divergences sur la conduite de la guerre et la pression diplomatique qui s’accumule sur Israël, les sujets sensibles ne manquaient pas.
Le voyage intervient au moment où Berlin cherche à clarifier sa position : réaffirmer son engagement envers la sécurité d’Israël, tout en tenant compte des préoccupations humanitaires qui montent en Europe.
La dimension mémorielle : un passage incontournable
Avant même de rencontrer les dirigeants israéliens, Merz s’est rendu à Yad Vashem. Son hommage solennel aux victimes de la Shoah n’est pas un rituel protocolaire anodin. Pour l’Allemagne, ce passage porte un poids particulier un rappel que la relation avec Israël repose autant sur la mémoire que sur les intérêts stratégiques.
Le chancelier n’a cessé de souligner la « responsabilité historique » de son pays, un message destiné autant au public israélien qu’à l’opinion allemande.
Reprendre le dialogue sans ignorer les tensions
La rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en lumière la complexité des derniers mois. La suspension des exportations d’armes, même temporaire, avait été mal perçue à Jérusalem.
La levée de cette mesure qui a ouvert la voie à un retour à la coopération sécuritaire n’efface pas tous les désaccords, mais permet de rétablir un minimum de confiance.
Merz, de son côté, cherche à maintenir une ligne claire : Berlin soutient la sécurité d’Israël, mais attend également un effort politique, notamment en matière de gestion du conflit à Gaza et de coopération future avec l’Autorité palestinienne. Une position nuancée, qui n’est pas toujours facile à défendre.
L’Europe en arrière-plan
Ce déplacement dépasse le cadre bilatéral. Derrière Merz, c’est toute l’Union européenne qui tente de retrouver un rôle crédible dans la région. En remettant un pied sur le terrain, le chancelier veut montrer que l’Allemagne reste un interlocuteur clé, capable de dialoguer avec Israël sans perdre de vue ses valeurs et ses engagements humanitaires.
Un pari diplomatique mesuré
Cette visite n’a pas apporté de grandes annonces. Ce n’était d’ailleurs pas son objectif. Elle visait plutôt à tester le terrain, à renouer un dialogue direct et à réinstaller une relation qui avait perdu en clarté.
À mes yeux, Merz a joué la carte du réalisme : rappeler l’histoire, affirmer le soutien, reconnaître les désaccords et laisser la porte ouverte à un travail de fond dans les mois à venir.
Dans un moment où les équilibres régionaux sont fragiles, il fallait un geste. Celui-ci est posé. Reste désormais à savoir s’il suffira à remettre en mouvement une relation aussi stratégique que sensible.








