Décès de l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari : un départ qui marque une ère
Le dimanche 13 juillet 2025, le Nigéria a perdu un homme d’État dont le parcours traverse à la fois les pages militaires et démocratiques de son histoire contemporaine.
Muhammadu Buhari est décédé à 82 ans dans une clinique de Londres, où il suivait un traitement pour une longue maladie.
Un chemin particulier vers le pouvoir
Né dans l’État de Katsina, Buhari s’engage dans l’armée et gravit les rangs avant de prendre le pouvoir suite à un coup d’État en 1983, devenant chef de l’État militaire de 1984 à 1985.
Après avoir été renversé en 1985, il fera un retour étonnant en politique civique qui culminera en 2015 : il devient le premier candidat de l’opposition à battre un président sortant dans l’histoire moderne du Nigéria.
Il sera réélu en 2019 et terminera ses deux mandats en 2023.

Une présidence entre espoirs et défis
L’arrivée de Buhari à la présidence civile s’est accompagnée d’un discours fort : lutte contre la corruption, moralisation de la vie publique, discipline et amélioration de la sécurité.
Pour ses partisans, il incarnait une rupture avec les excès et les scandales politico-financiers qui avaient entaché de nombreuses administrations nigérianes.
Pour autant, son mandat ne fut pas exempt de critiques : l’économie nigériane a souffert pendant son mandat, notamment face à la chute des prix du pétrole, à la raréfaction des recettes publiques et à une inflation persistante.
Sur le plan de la sécurité, malgré quelques succès initiaux, l’insurrection de Boko Haram, ainsi que la montée des violences dans plusieurs régions, ont persisté et parfois empiré.
On peut donc résumer son bilan comme celui d’un dirigeant aux intentions claires mais à l’action parfois limitée par les contraintes structurelles de son pays.
Le dernier hommage national
À l’annonce de son décès, le président actuel du Nigéria, Bola Ahmed Tinubu, a décrété sept jours de deuil national, ordonné que les drapeaux soient mis en berne et convoqué un Conseil exécutif exceptionnel.
Le corps de Buhari a été rapatrié au Nigéria et enterré dans sa ville natale de Daura, dans l’État de Katsina, en présence de nombreuses personnalités politiques et militaires.

Comment se souviendra‑t‑on de lui ?
Le départ de Buhari marque la fin d’un chapitre singulier : celui d’un militaire devenu démocrate, d’un homme de principes convergeant vers la rigueur et la discipline, dans un pays pourtant éprouvé par ses défis internes.
Ses partisans le saluent comme un « homme intègre », un symbole de modestie dans une classe politique souvent accusée d’opulence et d’abus.
D’autres, en revanche, estiment que ses ambitions n’ont pas été à la hauteur des enjeux de la première puissance démographique d’Afrique.
En tant que politiste, je mesure combien le départ de Muhammadu Buhari est plus qu’un simple décès : c’est un moment de réflexion pour le Nigéria. Sur ce qui a été accompli, sur ce qui reste à faire, et sur la voie que le pays souhaite emprunter.
L’histoire jugera sa présidence à l’aune des progrès futurs. Mais en ce jour, la nation nigériane pleure l’un de ses fils, un homme qui a marqué de son empreinte la trajectoire politique nigériane.
Mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous les Nigérians touchés par cette perte.

