Clotaire Oligui en Guinée : quand les bons élèves de l’Élysée se conseillent entre putschistes
À peine le général Doumbouya a-t-il déposé sa candidature à la Cour suprême que son homologue gabonais, Clotaire Oligui Nguema, débarque à Conakry pour une « visite d’État ».
L’invitation pour le lancement officiel de l’exploitation du mont Simandou n’est qu’un prétexte.
Un hasard du calendrier ?
Difficile à croire. Derrière les sourires et les poignées de main, cette rencontre entre deux présidents venus du même moule ressemble fort à une séance de coaching politique.
La scène aurait tout d’un simple échange diplomatique entre deux nations africaines si elle ne transpirait pas autant la stratégie.
Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après avoir écarté Ali Bongo, n’est pas venu à Conakry par courtoisie.
Il vient livrer la recette d’un maintien au pouvoir déguisé en transition démocratique un art qu’il maîtrise désormais avec une élégance quasi diplomatique.
Son hôte, Mamadi Doumbouya, n’a pas attendu que la poussière retombe pour officialiser sa candidature à la présidentielle, trahissant une ambition que plus personne ne feint d’ignorer.
Et voilà que son « frère d’armes » du Gabon vient lui rendre visite juste après cette annonce, comme pour valider la prochaine étape du scénario.
Le timing est trop parfait pour n’être qu’une coïncidence.
Entre les deux hommes, les points communs ne manquent pas : tous deux militaires, tous deux auteurs d’un putsch présenté comme “salvateur”, tous deux encensés par Paris pour leur “pragmatisme”.
Dans une Afrique centrale et de l’Ouest où la France cherche à sauver ses derniers relais, ces “bons élèves de l’Élysée” semblent jouer un rôle bien particulier : garantir la stabilité des intérêts français sous un vernis de souveraineté retrouvée.
Oligui n’est donc pas venu partager des souvenirs, mais une méthode. Celle qui consiste à neutraliser l’opposition, organiser des élections à géométrie variable, puis brandir le mot “démocratie” comme un talisman face aux critiques.
À Libreville, le scénario a déjà été écrit ; à Conakry, il ne reste plus qu’à l’adapter.
Pendant ce temps, les peuples, eux, attendent encore la fin des transitions. On leur promet des “retours à l’ordre constitutionnel” qui s’éternisent, des “consultations inclusives” qui excluent les vrais opposants.
Et pendant qu’Oligui et Doumbouya posent ensemble pour les caméras, c’est tout un symbole qui s’affiche : celui d’une Françafrique 2.0, pilotée non plus par des civils dociles, mais par des militaires qui ont appris à parler le langage diplomatique de Paris.
À Conakry, la visite d’Oligui sonne donc moins comme une main tendue que comme une bénédiction politique.
Le Gabonais vient dire à son homologue : “Tiens bon, le pouvoir ne se partage pas, il se verrouille.”

