Nomination contestée : la société civile s’interroge sur le cas Robert Sarah Koulemou
La récente nomination de Robert Sarah Koulemou à un poste stratégique au sein du Ministère de la Jeunesse et des Sports suscite une vague de réactions au sein de plusieurs organisations citoyennes, notamment celles engagées pour la défense des jeunes filles et la lutte contre les violences basées sur le genre.
Cette décision intervient alors que l’intéressé fait toujours l’objet d’une procédure judiciaire ouverte depuis 2021, à la suite d’accusations de viol qu’il conteste.
Pour de nombreux acteurs de la société civile, cette situation met en évidence un profond malaise.
Le fait qu’une personne mise en cause dans une affaire aussi sensible puisse accéder à un poste impliquant un travail direct sur des enjeux liés à la protection de la jeunesse soulève de sérieuses interrogations.
D’autant plus que, selon la partie civile et son conseil, aucune information officielle sur la tenue d’un procès n’aurait été communiquée jusqu’à présent.
Dans ce contexte, certaines voix dénoncent un manque de transparence judiciaire et un risque de banalisation des violences sexuelles.
Elles estiment que l’absence d’évolution visible du dossier porte atteinte à la confiance que les jeunes peuvent accorder aux institutions, et envoie un signal contradictoire aux personnes qui se battent quotidiennement pour leurs droits et leur sécurité.
« Accusé de viol en 2021, inculpé et placé sous contrôle judiciaire, Monsieur Robert Sarah Koulemou a été recemment nommé à un poste d’intérêt public au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Une fonction dans laquelle il sera amené à travailler directement sur les mêmes enjeux pour lesquels il a été mis en cause, alors qu’à notre connaissance, aucune décision judiciaire n’a encore été rendue.
Trois ans après ces accusations de viol contre lui, le dossier n’a toujours pas été jugé. En tant que partie civile à travers le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, ni nous, ni notre avocat, n’avons été informés d’un quelconque procès. À l’époque, le retard avait été justifié par les vacances judiciaires, puis par les priorités liées au procès du 28 septembre. Et depuis, silence total.
C’est extrêmement dangereux de normaliser les violences à ce point. On continue d’envoyer aux plus jeunes le message qu’on peut être accusé de viol et être promu à un poste stratégique, sans qu’aucune vérité judiciaire ne soit établie. C’est très grave.
En tant qu’organisations de jeunesse, nous méritons de savoir avec qui nous travaillons. Nous méritons la justice.
Si M. Koulemou se considère réellement innocent dans ce dossier et est sincère dans son combat contre les VBG comme nous l’avons vu hier durant la marche à l’occasion des 16 jours d’activisme, qu’il demande la tenue rapide de son procès, en toute transparence pour le prouver au tribunal. Tant que cela n’est pas fait, cette nomination restera problématique pour toutes celles et ceux qui se battent chaque jour pour leurs droits, leur vie et leur survie dans ce pays pleins d’injustices.
kadiatoukonate »

Face à cette controverse, plusieurs activistes appellent à un éclaircissement rapide de la situation.
Ils insistent sur la nécessité pour la justice d’avancer de manière visible et pour les autorités publiques de prendre en considération la sensibilité des accusations lorsqu’elles procèdent à des nominations à des postes d’intérêt public.
Seule une procédure judiciaire menée de façon transparente et dans des délais raisonnables permettra de restaurer la confiance et de garantir le respect des droits de toutes les parties.
Dans un pays où les violences basées sur le genre restent un défi majeur, la cohérence entre les engagements publics et les décisions administratives apparaît plus essentielle que jamais.







