Élections 2025 en Guinée-Bissau : une campagne sous tension et sans l’opposition historique
À quelques semaines des élections présidentielle et législatives prévues le 23 novembre 2025, la Guinée-Bissau vit une campagne électorale inédite, marquée par l’exclusion du principal parti d’opposition et un climat politique tendu. Entre espoir de stabilité et crainte de dérive autoritaire, le pays retient son souffle.
Une élection cruciale pour la stabilité du pays
La Guinée-Bissau s’apprête à tourner une nouvelle page de son histoire politique. Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, a fixé au 23 novembre 2025 la tenue conjointe des élections présidentielle et législatives. Ce scrutin, maintes fois reporté, intervient dans un contexte institutionnel marqué par la dissolution du Parlement et une méfiance persistante entre les différents acteurs politiques.
Le report répété des échéances précédentes avait déjà nourri le doute sur la solidité démocratique du pays. Cette fois, les autorités promettent un vote « libre et transparent », même si plusieurs observateurs internationaux appellent à la vigilance.
Une campagne amputée de l’opposition traditionnelle
L’ouverture officielle de la campagne début novembre s’est faite sans la participation du PAIGC, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, écarté pour non-respect des délais administratifs. Cette exclusion, dénoncée par de nombreux militants, modifie profondément les équilibres politiques et soulève des interrogations sur la pluralité du scrutin.
Pour les partisans du président sortant, cette situation résulte d’un simple « respect de la loi ». Mais du côté de l’opposition, on évoque un « jeu verrouillé » qui pourrait fragiliser la légitimité du processus électoral.
Les grands thèmes de la campagne
Malgré ces tensions, plusieurs sujets dominent les débats :
- Stabilité institutionnelle : après une série de crises et de coups d’État manqués, la population aspire à un gouvernement durable et prévisible.
- Développement économique : le chômage des jeunes, la dépendance à la noix de cajou et la faiblesse des infrastructures restent au cœur des promesses électorales.
- Lutte contre la corruption : un enjeu récurrent dans la vie politique bissau-guinéenne, souvent cité comme frein au progrès national.
- Cohésion nationale : les divisions régionales et ethniques continuent d’influencer les alliances politiques et les discours de campagne.
Sécurité et climat préélectoral
Alors que la campagne bat son plein, les autorités ont renforcé la présence militaire dans les grandes villes pour prévenir tout débordement. Plusieurs arrestations d’officiers soupçonnés de complot ont rappelé la fragilité du contexte sécuritaire. Les observateurs de la CEDEAO et de l’Union africaine préparent déjà leur mission d’évaluation pour garantir un scrutin pacifique.
Un scrutin décisif pour la démocratie bissau-guinéenne
Le 23 novembre pourrait marquer un tournant : soit la consolidation d’un pouvoir présidentiel fort, soit le début d’une nouvelle contestation politique. Dans les rues de Bissau comme dans les zones rurales, les électeurs se montrent partagés entre espoir et prudence.
La crédibilité du processus électoral sera déterminante pour la stabilité de la Guinée-Bissau, mais aussi pour son image sur la scène internationale.

