L’homme fort de la Guinée-Bissau après le coup d’État
Le 26 novembre 2025, la Guinée-Bissau a replongé dans une crise politique dont elle peine à sortir depuis des décennies. Alors que le pays attendait la publication des résultats de la présidentielle, un groupe de militaires a annoncé qu’il prenait le contrôle national : frontières fermées, institutions suspendues et dirigeants arrêtés en quelques heures.
Au centre de ce basculement se trouve le général Horta Inta-A Na Man, présenté comme président de transition. Ancien chef d’état-major, discret et réputé pour sa rigueur, il s’est retrouvé propulsé au premier plan lorsque l’armée a interrompu le processus électoral. Pour certains, il incarne la stabilité ; pour d’autres, il symbolise une nouvelle mainmise militaire sur la vie publique.
Les putschistes justifient l’action par la nécessité de « protéger la nation » contre une prétendue déstabilisation mêlant acteurs politiques et réseaux criminels. Mais le choix du moment à la veille de l’annonce des résultats suscite de fortes interrogations : beaucoup y voient la volonté d’empêcher la proclamation d’un verdict électoral défavorable à certains intérêts.
La communauté internationale a réagi rapidement. La CEDEAO, l’Union africaine et plusieurs organisations internationales ont condamné la prise de pouvoir par la force et demandé un retour rapide à l’ordre constitutionnel. À ce stade, aucune sanction majeure n’a été annoncée, reflet d’une prudence liée à la fragilité du pays et aux enjeux régionaux.
Sur le terrain, les réactions sont partagées : crainte d’un nouvel épisode d’instabilité et inquiétude économique pour certains ; espoir prudent pour d’autres, désabusés mais prêts à donner une chance à une transition réellement courte et crédible.
La responsabilité du général Horta Inta-A Na Man sera déterminante. Il doit démontrer que sa période au pouvoir vise à restaurer la confiance, lutter contre le narcotrafic sans instrumentalisation politique et organiser des élections transparentes. À défaut, la Guinée-Bissau risque de s’enfoncer dans un cycle d’instabilité qui a trop longtemps freiné son développement.








