Une Candidature de Mamady Doumbouya à la présidentielle : un parjure politique qui trahit l’esprit de la transition
Une « candidature obligatoire » qui interroge la morale politique en Guinée.
Une candidature du Général Mamady Doumbouya à l’élection présidentielle guinéenne fait couler beaucoup d’encre.
En se présentant à ce scrutin, l’homme fort de la transition tourne le dos à un engagement solennel pris devant le peuple et la communauté internationale.
Ce geste, bouleversera la scène politique guinéenne, posera une question fondamentale : la parole donnée en politique aura-t-elle encore un sens ?
Le serment de 2021 : promesse d’une transition exemplaire
Lorsqu’il renversa le régime d’Alpha Condé le 5 septembre 2021, le colonel Mamady Doumbouya de l’époque s’était voulu porteur d’un message de renouveau. Devant les caméras du monde entier, il affirmait avec gravité :
« Ni moi, ni aucun membre du CNRD ne sera candidat aux futures élections. »
Ces mots, prononcés au nom du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) à plusieurs reprises, avaient apaisé les craintes d’une confiscation du pouvoir.
Le peuple guinéen, lassé des dérives autoritaires, y avait vu une promesse de sincérité et de rupture avec les pratiques du passé.

Un revirement perçu comme un parjure politique
Quatre ans plus tard, une candidature présumée de Mamady Doumbouya sonne comme un parjure. En rompant avec son engagement initial, il renie l’esprit même de la transition qu’il avait incarnée.
Ce volte-face n’est pas seulement un acte politique : il s’agit d’une faute morale qui fragilise la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.
Dans la mémoire collective, les coups d’État successifs en Guinée ont souvent été justifiés par la promesse d’une transition honnête vers un pouvoir civil.
Mais chaque fois, la tentation du pouvoir l’a emporté sur la parole donnée. Doumbouya, en choisissant la même voie, perpétuera ce cycle décevant.
Les conséquences politiques et institutionnelles d’une trahison
L’entrée de Doumbouya dans la course électorale risque de déséquilibrer le processus démocratique. Le président de la transition, qui devient candidat, bénéficiera d’une position dominante sur le plan institutionnel, administratif et médiatique.
Cette situation crée une inégalité flagrante entre les candidats, contraire à l’esprit d’une élection libre et équitable.
Au plan international, cette décision pourrait ternir l’image d’une Guinée qui s’efforçait de restaurer sa crédibilité après des décennies d’instabilité.
La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui avait soutenu le processus de transition, pourrait y voir une trahison des engagements pris devant elle.

Un symbole de rupture qui se transforme en continuité du pouvoir
La promesse d’une refondation républicaine s’efface désormais derrière une logique de conservation du pouvoir.
Mamady Doumbouya, qui se présentait comme l’homme du changement, devient paradoxalement le symbole d’une continuité politique dont les Guinéens espéraient justement se libérer.
Cette contradiction soulève une question essentielle : comment refonder un État sur les bases du mensonge et du reniement ?
Sans cohérence morale, la refondation promise n’est qu’un slogan vidé de son sens.
Le poids du serment trahi
Une candidature de Mamady Doumbouya dépassera le cadre d’une simple décision électorale. Ce sera un parjure politique qui entamera la confiance du peuple et compromettra la légitimité morale de la transition.
La Guinée mérite mieux qu’un éternel recommencement. Elle mérite des dirigeants qui tiennent parole, respectent leurs engagements et placent la vérité au cœur de l’action publique.
L’histoire retiendra peut-être que le véritable échec de cette transition n’aura pas été institutionnel, mais moral : celui d’un homme qui avait juré de ne pas être candidat, avant d’être rattrapé par la tentation du pouvoir.

