Enlèvement des enfants d’Élie Kamano : quand le pouvoir militaire applique la terreur sur les familles
Depuis plusieurs jours, la Guinée est secouée par une accusation grave portée par l’artiste et militant politique Élie Kamano : le régime militaire de transition, dirigé par le général Mamadi Doumbouya, serait responsable de l’enlèvement de ses enfants.
Ce qui devrait être un sujet de mobilisation pour la communauté internationale est aussi un symptôme inquiétant d’un autoritarisme qui ne cesse de se durcir.
Ce qu’a dénoncé Élie Kamano
Élie Kamano, vivant aujourd’hui en exil au Burkina Faso, affirme que dans la nuit du 15 au 16 novembre 2025, des hommes armés et cagoulés ont fait irruption à son domicile de Conakry vers 4 heures du matin.
Selon lui, ces individus ont saccagé sa maison et enlevé trois de ses fils, âgés de 7, 14 et 16 ans ; seul le plus jeune, d’après lui, a été relâché.
Il accuse directement les autorités de la transition de mener “une opération de représailles” envers sa famille, en raison de ses prises de position critiques contre le régime en place.

Réactions nationales et internationales
Les réactions ne se sont pas fait attendre :
- Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG), dénonce “une stratégie systématique et délibérée de terreur et de cruauté”, estimant que s’en prendre aux proches de ceux qui critiquent la junte est devenu un mode opératoire.
- Le Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit “vivement alarmé” par cette disparition forcée présumée. Il demande des informations claires sur le sort des enfants et exige une enquête approfondie, impartiale. Source : The United Nations Office at Geneva
- La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) s’est également exprimée, appelant les autorités guinéennes à “prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le retour immédiat et en toute sécurité” des enfants et à traquer les responsables. Source : Commission africaine des droits humains
- Les avocats d’Élie Kamano ont adressé une lettre ouverte à Mamadi Doumbouya, affirmant que leur client “suspecte” que le régime est directement derrière l’opération. Ils dénoncent aussi l’absence de réaction publique des autorités, ce qui renforce les doutes. Source : guinee360.com
Une stratégie politique de plus en plus inquiétante
Cet enlèvement ne peut pas être minimisé comme un simple acte isolé : il s’inscrit dans un schéma plus large de répression. Depuis le coup d’État de 2021, la Guinée connaît selon de nombreux observateurs une spirale d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées et de menaces contre les voix dissidentes.
Le fait que les proches d’opposants ici des enfants soient visés constitue une ligne rouge : cela montre que la junte n’hésite pas à user d’intimidation familiale pour faire plier ses adversaires.
S’en prendre aux enfants d’un critique du pouvoir est moralement odieux, mais c’est aussi politiquement cynique : cela crée un climat de peur, non seulement chez les opposants, mais dans toute la société guinéenne.
Si le consensus international ne se traduit pas en actions concrètes (enquête indépendante, pressions diplomatiques, mesure de protection), ce type de tactique pourrait se banaliser.
Mon point de vue
En tant que politiste et citoyen guinéen, je considère que l’enlèvement des enfants d’Élie Kamano révèle l’état réel de la “transition” guinéenne : non pas un passage vers la démocratie, mais une consolidation d’un pouvoir militaire prêt à tout pour se maintenir.
Cette affaire montre que, pour la junte, la critique n’est pas un débat : c’est une menace à éliminer, y compris en s’en prenant aux plus vulnérables.
Le régime de Doumbouya doit rendre des comptes : il doit permettre la libération immédiate des enfants, garantir leur sécurité, et surtout accepter une enquête crédible, indépendante et transparente.
Sinon, cet enlèvement restera un symbole fort d’un pouvoir qui trahit ses promesses.







